Au lendemain de l'attaque terroriste contre le complexe gazier d'In Amenas, le personnel expatrié des filiales algériennes des groupes étrangers sera escorté par les services de sécurité dans leurs déplacements, avons-nous appris de sources sécuritaires. ArcelorMittal et Fertiberia (Fertial), deux entreprises à capitaux étrangers implantées à Annaba, n'échappent pas à cette mesure sécuritaire nationale. Cette dernière a été confirmée par des sources proches des deux directions générales d'ArcelorMittal et de Fertial. «Nous avons été invitées par le wali de Annaba et des mesures sécuritaires draconiennes ont été prises à la faveur d'un conseil de sécurité. Outre la sécurisation des installations, tout le personnel étranger doit être escorté par les services de sécurité lors de ses déplacements.» ArcelorMittal Annaba, qui est gérée par un staff en majorité de nationalité française, a été invitée par le consul général de France, dont la chancellerie est implantée dans la même ville, pour leur faire part des nouvelles mesures sécuritaires à appliquer à même de protéger les expatriés français. Quant au staff espagnol de Fertial, dont la sécurité du site est assurée par une entreprise privée de gardiennage Sag Essalem, il a également renforcé en nombre les agents armés. «Bien qu'il préfère une escorte par les éléments de Sag Essalem pour plus de liberté dans la mobilité, le staff espagnol a été sommé de se soumettre aux orientations des autorités locales qui préconisent la garde des services de sécurité», a affirmé une source proche de la direction générale de Fertial. Dans un article paru hier dans le Monde, il a été rapporté : «Depuis l'attaque islamiste contre le complexe gazier d'In Amenas, dans le Sahara algérien, les entreprises françaises sont passées «à l'échelon supérieur» en matière de sécurité. Elles refusent toutefois de donner des détails pour éviter à la fois de fragiliser les nouveaux dispositifs de protection et de froisser les autorités algériennes.» Même le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a prévenu, le 20 janvier, que l'Algérie allait «renforcer la sécurité, mais en comptant sur ses propres moyens et qu'il n'était pas question d'accepter des forces de sécurité extérieures». Selon toujours la même source, la France est le deuxième investisseur étranger en Algérie, et le premier hors hydrocarbures. Plus de 450 sociétés françaises activent en Algérie, soit quatre fois plus qu'en 2005. Ces entreprises opèrent dans les secteurs bancaire, pharmaceutique, agroalimentaire, automobile, etc. Quelque 90% d'entre elles sont installées sur la bande côtière (Alger, Oran, Annaba...) ou un peu en retrait, sur les Hauts-Plateaux. Aucune n'a procédé, semble-t-il, à des rapatriements d'expatriés ces derniers jours. Il n'en va pas de même dans le Sud algérien, où sont implantées les entreprises exploitant les gisements d'hydrocarbures, ainsi que leurs sous-traitants : Total, GDF-Suez, la compagnie générale de géophysique, Technip ou encore Sodexo. Le Monde rapporte en citant ces dernières que «depuis le drame d'In Amenas, ces sociétés ont procédé à des déplacements de leurs employés expatriés. Plutôt que de les faire rentrer en France, nous les avons envoyés dans des zones plus sécurisées, telles que Hassi Messaoud et Alger, mais il s'agit d'une mesure temporaire». Cependant, ces mesures n'altèrent en rien la décision des entreprises françaises qui n'ont pas l'intention de quitter l'Algérie. Pour preuve, Laurence Parisot, la présidente du Medef, l'a affirmé le 18 janvier. Les sociétés françaises emploient 35 000 travailleurs directs et près de 100 000 indirects.