Le groupe ArcelorMittal a réagi par rapport à l'information selon laquelle le groupe public Sider, actionnaire minoritaire à 30%, deviendra prochainement majoritaire à la faveur d'une crise critique de cessation de paiement depuis octobre 2012. Dans un communiqué rendu public hier, ArcelorMittal a souligné qu'aucun plan pour céder le capital de son site de Annaba, à ce jour, n'a été discuté avec les représentants du gouvernement algérien. Ce qui est vrai. Or, lors de l'annonce de cette information, il n'a jamais été question de la cession de la totalité de la participation du groupe ArcelorMittal en Algérie, mais d'une partie (21%) qui propulsera le groupe public Sider en majoritaire. En contrepartie, l'Etat algérien injectera plus de 200 millions de dollars dans le capital de l'entreprise sidérurgique d'El Hadjar. Une action qui permettra à cette dernière de prétendre à une ligne de crédit lui permettant d'honorer son business plan qui traîne toujours. Par ailleurs, dans le même document, le groupe ArcelorMittal a «réitéré son engagement à rester en Algérie et contribuer à l'évolution future du site de Annaba». Ce qui n'est pas vrai. En effet, avant que l'Etat algérien n'ait affiché l'intention de contrôler le complexe sidérurgique ArcelorMittal Annaba à travers le groupe public Sider, le géant mondial de l'acier était en 2012 en discussions avancées pour céder la totalité de ses actions (70%) au profit du groupe algérien privé Cevital et quitter définitivement l'Algérie, avons-nous appris de sources proches du ministère de l'Industrie. En effet, Issad Rebrab, président-directeur général de ce groupe, avait rencontré à deux reprises les experts du groupe ArcelorMittal au cours desquelles les deux parties étaient sur le point de conclure cette transaction avec tous les aspects techniques et juridiques y afférents. Contacté, M. Rebrab a confirmé l'information en affirmant : «Effectivement, j'avais rencontré plusieurs experts du groupe ArcelorMittal en 2012. La première rencontre s'est déroulée au mois de mai 2012 à Londres et la seconde en juillet à Paris. Les négociations étaient très avancées pour que le capital de la filiale algérienne d'ArcelorMittal soit cédé au groupe Cevital. Bien que le complexe tourne avec une main-d'œuvre en sureffectif, je m'étais engagé, en option, à maintenir tout le personnel actuel en créant d'autres activités.» Pourquoi la transaction n'avait pas abouti ? M. Rebrab explique ce blocage par le changement du gouvernement. En effet, selon toujours la même source, «cette action avait été entreprise sous l'égide des autorités algériennes et le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Outre Ahmed Ouyahia, l'ex-chef de gouvernement, Mohamed Benmeradi, l'ancien ministre de l'Industrie, était très favorable à cette transaction en me proposant la création d'un consortium d'entreprises privées. Cependant, avec le changement du gouvernement, tout a été bloqué». Ainsi, l'actuel ministre de l'Industrie, Cherif Rahmani, a estimé qu'à la place d'un investisseur privé, l'Etat algérien est prioritaire pour prendre le contrôle du comlexe sidérurgique d'El Hadjar. Il a été même contacté, selon toujours la même source, par Réda Hamiani, président du FCE, à qui l'actuel ministre de l'Industrie a expliqué qu'«il est plutôt favorable à un partenariat 51/49% au profit du groupe Sider». Le groupe ArcelorMittal n'est pas à son premier jeu trouble. En effet, il avait déjà déclaré en janvier 2012 que sa filiale est en cessation de paiement, voire en faillite, avant de démentir l'information. Selon Me Lezzar, expert en arbitrage économique, «la cessation de paiement implique juridiquement le dépôt de bilan et la cessation d'activité».