Officiellement, et ce sont le chef du gouvernement et le président de la République qui l'ont encore récemment annoncé, l'inflation est maîtrisée, limitée à 1,6% pour l'année 2005, avec des prévisions équivalentes pour 2006. Les gouvernants auraient donc réussi ce que n'ont pas fait leurs prédécesseurs, c'est-à-dire, entre autres, maîtrise du budget, augmentation du pouvoir d'achat et rigueur économique. Pourtant, il suffit de voir pour ne pas comprendre : les prix des fruits et les légumes ont flambé, faisant passer la tomate à 100 DA, le sucre a grimpé, Sonelgaz annonce une nouvelle augmentation de 15% suite aux deux augmentations qui ont eu lieu en 2005 et les appartements qui valaient 800 millions l'année dernière sont passés à 1 milliard, soit l'équivalent de 1000 Snmg, pour ne prendre que ces exemples parmi les plus cruels. Les chiffres officiels sont-ils truqués, comme le sont ceux d'une banale élection ou du nombre réel de faux moudjahidine ? Possible. La question est pourtant de savoir comment mesurer l'inflation, c'est-à-dire de savoir sur quels produits est-elle calculée. Autrement dit, qu'est-ce qui n'a pas augmenté en Algérie ? A première vue, le respect du citoyen, la transparence dans les affaires publiques, la régularité des scrutins et l'ouverture à la critique sont autant de valeurs qui n'ont pas augmenté. Ce ne sont pourtant pas des valeurs économiques, mais des valeurs tout court, ce qui n'est pas pris en compte dans le calcul de l'inflation. Alors ? La seule explication est que les gouvernants ont fait ce calcul en réalisant simplement que leur propre pouvoir d'achat n'a pas baissé, ce qui induit que l'inflation n'a pas augmenté. Ce qui est bon pour eux étant bon pour nous, tout s'explique. En Algérie, le bonheur d'être dirigeant n'a d'équivalent que le malheur d'être dirigé. Vous vouliez la réalité ? Vous n'aurez que des chiffres.