Les centres hospitaliers publics et privés vivent actuellement une forte tension sur les dispositifs médicaux chirurgicaux, en l'occurrence seringues, gants, lignes d'hémodialyse, perfuseurs qui servent à administrer le sérum, filtres d'hémodialyse, transfuseurs, en raison des ruptures dans l'approvisionnement en gaz d'oxyde d'éthylène (ETO) nécessaire pour leur stérilisation lors de leur fabrication par les entreprises nationales. Ce gaz, qui est censé être livré par la société algéro-allemande Linde Gas Algérie, unique entreprise en Algérie, pose un problème récurrent d'approvisionnement depuis 2009. Les entreprises productrices algériennes de ces consommables, dont deux sont sur le point de mettre la clé sous la paillasson, ne savent plus à quel saint se vouer. Le manque de ces produits essentiels utilisés dans la majorité des gestes médicaux met sérieusement en danger la vie des malades, particulièrement les hémodialysés pour qui le traitement ne peut se faire sans tous ces accessoires, trois fois par semaine. D'autres services médicaux tels que de chirurgie, de réanimation et d'urologie sont également pénalisés et cela risque d'être encore plus grave si le problème n'est pas résolu. La rupture de cette gamme de consommables indispensables pour le praticien peut paralyser tout un hôpital et mettre en danger la vie de centaines de patients. Des correspondances ont été pourtant adressées par les producteurs de ces consommables à toutes les autorités du pays, mais demeurent sans réponse. Pour le plus grand fournisseur hospitalier, Industries médicochirurgicales (IMC), ces ruptures représentent un sérieux danger pour la santé des Algériens. Son président-directeur général, M. Abderrahim, affirme avoir saisi à maintes reprises, depuis 2011, par correspondances (copies à l'appui) toutes les autorités concernées, à savoir la Chambre de commerce et d'industrie algéro-allemande, l'actuel ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement et l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour «intervenir sous le sceau de l'urgence auprès de la société Linde Gas pour qu'elle honore nos commandes dans les meilleurs délais et respecte le programme arrêté d'un commun accord». «Aucune réponse n'a été formulée», déplore-t-il en précisant que le ministère de la Santé et le directeur général de la société Linde Gas Algérie ont été destinataires de ces correspondances. M. Abderrahim signale que tous les appels à Linde Gas sont restés sans écho devant la gravité de la pénurie engendrée, avant de rappeler que «Linde Gas a pris l'engagement par lettre du 22 mars 2009 de tenir, en permanence, à la disposition d'IMC un stock de sécurité de 360 bouteilles d'ETO. Un engagement réitéré par lettre le 30 mars 2010». Un fait que Pierre Chavallier, président-directeur général de Linde Gas, ne nie pas : «On ne peut pas approvisionner nos clients de gaz d'oxyde d'éthylène pour la simple raison que notre unité de production à Rouiba est à l'arrêt depuis octobre 2012, sur ordre des services de sécurité algériens. Nous attendons les autorisations d'exploitation pour reprendre l'activité. L'unité de Rouiba est entièrement neuve et prête à tourner, et notre objectif est de couvrir largement les besoins de l'Algérie et même exporter vers les pays voisins. Nous voulons travailler et sommes déterminés à respecter nos engagement, à la seule condition qu'on nous offre les conditions et l'environnement pour le faire.» Le PDG de Linde Gas Algérie déplore de nombreuses entraves pour le développement de ses produits. Le même problème se pose pour l'importation. «Les dossiers de demandes d'importation sont dans les administrations et nous attendons les autorisations», a-t-il ajouté. A noter que Linde Gas Algérie, une société allemande de droit algérien spécialisée dans la fabrication de gaz industriels et médicaux, détient le capital à 66% et les 34% restants reviennent à Sonatrach.