L'UNOP monte au créneau pour demander plus d'actions concrètes du gouvernement. Alors que le marché du médicament connaît de fortes perturbations, que ce soit dans l'approvisionnement ou la distribution, une situation engendrée par des dysfonctionnements avérés à différents niveaux, le ministère de tutelle informe, à travers un communiqué rendu public dimanche soir, qu'il«réitère sa détermination à encourager l'investissement dans le médicament». Une déclaration faite par M. Ziari, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors d'une réunion avec les membres de l'association des producteurs en pharmacie. Le communiqué du ministère précise que l'accent a été mis, lors de cette rencontre, sur «le développement de l'industrie pharmaceutique nationale et la réunion des conditions propices à une plus grande couverture des besoins nationaux par la production locale». Une problématique censée trouver son essor dans le cadre d'une politique nationale du médicament. La rencontre avec l'association des producteurs, qui représente une partie infime du secteur et qui n'est qu'un maillon de la chaîne, aurait pu être élargie à d'autres professionnels pour la préparation d'une conférence nationale sur le médicament. La question est grave. Il est donc inutile que des organisations ou des groupes de fabricants soient reçus en solo pour diluer encore une fois un problème qui mérite de la réflexion et des décisions courageuses. D'autant que le ministre a appelé, ajoute le communiqué, à reprendre les réunions avec l'ensemble des partenaires concernés pour «permettre à l'administration publique d'apporter des réponses rapides, adaptées et pertinentes aux préoccupations des opérateurs en pharmacie, notamment les fabricants». UNE ASSOCIATION IGNOREE Interrogé à ce propos, le docteur Kerrar, président de l'UNOP, regrette de prime abord que son association – qui regroupe 30 producteurs et représente 70% du marché – attend toujours d'être reçue par le ministre de la Santé. Quant à l'encouragement des investissements promis par M. Ziari, M. Kerrar veut des preuves. Lesquelles seraient d'abord l'actualisation de la liste des produits interdits à l'importation avec la mise en place des procédures clairement affichées, la publication des statistiques relatives au marché, la réouverture des enregistrements. «On ne peut pas prétendre développer des médicaments alors les enregistrements sont toujours bloqués», relève-t-il. Le président de l'UNOP estime qu'il est important, aujourd'hui, d'exiger la sécurité réglementaire claire, stable, prévisible et transparente. Comme cela doit se faire aussi pour ce qui est des prix. Une telle structuration et organisation qui pourrait éventuellement nous permettre d'atteindre la barre des 70% dans la fabrication et même songer à l'exportation ne peut être possible que si l'on fait adhérer tous les professionnels du secteur. «Un défi qui ne peut être relevé sans une administration forte et dotée de moyens matériels et humains conséquents», a-t-il suggéré. Pour Nabil Mellah, directeur général de Merinal, producteur local et ex-président de l'UNOP, «suite à cette rencontre, j'attends pour ma part des actions concrètes. Nous sommes trop souvent abreuvés de discours sans lendemain. Les problèmes que nous signalons depuis 10 ans persistent et parfois même se sont aggravés». «Le fait qu'il n'ait jamais été répondu à la demande d'audience de l'UNOP alors que d'autres associations infiniment moins représentatives sont reçues ne me choque guère, bien au contraire, il me conforte dans la décision de démissionner du poste de président de l'UNOP que j'ai prise il y a quelques semaines. Il semble que les positions de complaisance et de flagornerie soient plus appréciées en Algérie que les discours vrais et francs qui n'ont comme seul objectif que de contribuer à garantir au patient algérien la disponibilité d'un médicament de qualité produit localement», a-t-il souligné. Pour le Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP), la réactivation du comité de concertation est une bonne décision, car il constitue «le seul espace qui permette à tous les intervenants de s'exprimer en toute transparence sur les conditions optimales d'atteindre les objectifs en matière d'encouragement de la production locale». Celle-ci doit passer, selon M. Chibila, membre du SAIP, par l'actualisation de la liste des médicaments interdits à l'importation et la réouverture des enregistrements dont la priorité sera réservée aux producteurs locaux.