A l'approche du double anniversaire du 20 avril 1980 et des événements dits du printemps noir 2001, des animateurs de la scène politique kabyle tentent une réanimation des débats marqués par une léthargie sans précédent. Hier, dans une déclaration dite de Tifrit, transmise à notre rédaction, signée par des militants pour l'autonomie de la Kabylie dont Ferhat M'henni, des animateurs du mouvement citoyen des archs, le cinéaste Ali Mouzaoui, l'écrivain Younès Adli et beaucoup d'autres acteurs connus sur la scène régionale un appel a été lancé à « une rencontre régionale où seront mises à contribution l'ensemble des bonnes volontés ». Les signataires de la déclaration considèrent que « la refondation de l'Etat national en dehors de la conception uniciste et centralisée constitue l'unique voie pour l'édification d'un projet démocratique ». Pour eux, « la région phare dans le combat pour la liberté et la démocratie, la Kabylie, est plongée, aujourd'hui, dans une insécurité totale faite de violence politique, de violence sociale et, phénomène nouveau, l'utilisation de la délinquance comme arme politique ». Et d'ajouter : « Le moment est grave ! Les citoyens de ce pays sont en train d'assister à la consécration et la finalisation de l'alliance stratégique entre les tenants du système et l'arabo-islamisme. » Une alliance, écrivent-ils, qui « assume l'extinction de la vie publique, la privatisation de l'Etat et des richesses nationales (...) avec la complicité de la communauté internationale dont l'indifférence n'a d'égale que le volume des échanges commerciaux avec le régime en place ». Si les pétitionnaires concluent à « l'échec » des expériences du combat pour la démocratie et la modernité, « que cela soit à travers les partis politiques ou d'autres formes d'organisation tels les mouvements, forums et rassemblements », ils soulignent une « démarcation idéologique, politique et territoriale, désormais nette avec les tenants de l'Algérie militaro- arabo-islamique ».