Le programme vise à stopper l'exode rural et diminuer la pression sur le logement social. Le programme d'aide à l'auto-construction n'a pas obtenu des résultats probants dans la wilaya de Boumerdès. Les habitants de la région ne se bousculent guère au portillon pour bénéficier de cette aide qui vise à stopper l'exode et diminuer un tant soit peu la tension sur les autres formules de logements. La wilaya a bénéficié de 10 750 aides depuis 2002, mais seules 3443 constructions sont achevées, 5306 sont en cours alors que plus de 2001 n'ont pas encore été entamées. Les citoyens ayant exprimé leurs vœux de construire des habitations sur leurs terres se sont heurtés à une foultitude de difficultés. En 2011, sur un nombre de 557 aides affectées, seules 22 sont consommées. Le rapport présenté lors de la dernière session de l'APW fait état de l'annulation de 2151 décisions d'éligibilité depuis le lancement du programme. C'est dire que des centaines de postulants n'ont pas pu aller jusqu'au bout de leur démarche en raison des tracasseries administratives. Dans certaines localités, l'on n'a même pas dépassé le nombre de 50 projets réalisés. C'est le cas à Tidjllabine où l'on fait état de 42 habitations construites en 10 ans, Zemmouri (41), Souk El Had (37), Baghlia (23), Boudouou (29), Thénia (17), Boudouaou El Bahri (8), Sidi Daoud (6), Corso (5). Certains citoyens estiment que les procédures d'octroi de l'aide sont devenues trop compliquées notamment au niveau des communes cadastrées. «J'ai mis 5 mois pour obtenir le livret foncier et l'acte de propriété notarial et ce en payant plus de 40 000 DA. Alors qu'auparavant on exige un certificat de possession établi par l'APC après la signature de deux témoins», nous confie un habitant de Chabet El Ameur qui estime le montant de l'aide très insuffisant. «L'aide doit être portée à 100 millions de centimes. Les terrassements et le voile m'ont coûté les yeux de la tête car le terrain se trouve sur une pente», argue-t-il. Vers la réalisation d'habitations groupées Il faut dire que l'acte de propriété est la pièce maîtresse du dossier. Le wali de Boumerdès, M. Abbas, persiste et signe qu'«il n'est plus question d'octroyer l'aide à ceux qui n'en disposent pas, excepté les postulants résidant dans les localités non cadastrées». Ces derniers sont tenus de justifier leur propriété avec un acte de possession délivré par l'APC, en cas de d'absence d'opposition. En guise de solution, le wali a annoncé que tous ceux qui veulent construire en surélévation sur des maisons de leurs proches sont les bienvenus pour peu que les fondations soient conformes aux normes pour éviter les risques d'effondrement. M. Abbas a indiqué également que 22 sites ont été désignés à travers une dizaine de localités pour la réalisation d'habitations groupées. Chacun de ces sites va abriter, selon lui, une moyenne de 20 logements. Mais cette solution ne semble pas faire l'unanimité et risque de ne pas aboutir, d'autant que les constructions vont être réalisées individuellement. En sus de cela, la surface (150 m2) qui sera affectée pour les bénéficiaires est jugée «très exiguë», ce qui ne permet pas à ceux qui vont y habiter de faire l'élevage, considéré comme la principale activité des campagnards. Autre handicap, les services concernés trouvent d'énormes difficultés à trouver des terrains en mesure d'abriter ces projets, comme c'est le cas à Thénia. «On a fait trois choix de terrain dont 2 à l'intérieur du périmètre urbain. Je me demande pourquoi les pouvoirs publics n'exploitent pas ces assiettes pour la réalisation de programmes de logements socio-locatifs pour préserver le foncier relevant du domaine de l'Etat qui se fait très rare dans la localité», préconise un ingénieur en génie civil.