En acquérant la nationalité française, vous êtes devenu citoyen de notre pays. Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue dans notre communauté nationale », tels sont les termes utilisés dans une lettre signée par le président Jacques Chirac en date du 13 janvier 2005 adressée par le biais du consulat de France à Alger, à un Algérien, le nommé Bahloul Abdelkader (71 ans). Sur proposition de la Commission des récompenses, le comité directeur de la Fédération française du dévouement, dont le siège se trouve à Paris, avait décerné à ce Cherchellois en date du 7 décembre 1955 la médaille de bronze ; le sous-secrétaire d'Etat français à la marine marchande, à son tour, lui avait décerné une médaille de sauvetage en bronze en date du 15 février 1956. Ces titres de reconnaissance avaient été décernés à Bahloul Abdelkader suite à son acte de bravoure, le 4 août 1955, au niveau de la grande plage du Cap Tizirine (Cherchell). Ce jour-là, deux jeunes filles, de surcroît sœurs, Hélène et Clodine, s'étaient aventurées pour se baigner, sans en mesurer les risques. Elles se trouvaient à quelques dizaines de mètres du rivage, et ne se rendaient pas compte que les courants les entraînaient vers le large. Elles étaient dans l'incapacité de regagner le rivage. Un jeune vendeur de fruits et légumes, un jeune sportif, un bon footballeur de l'équipe locale ayant l'habitude d'emprunter ce chemin pour se rendre à son travail, aperçut une femme qui criait au secours. Il se dirigea vers cette Française qui faisait des signes avec ses mains, pour lui indiquer que ses deux filles se noyaient au milieu d'une mer fortement agitée. Il se précipita pour se jeter dans la mer sans mesurer le danger encouru, afin de porter secours aux deux filles de Mme Celly Francine. Les deux jeunes filles ont été sauvées in extremis par le jeune athlète dans une mer en furie. La nouvelle a fait le tour de la région. Les autorités françaises avaient par la suite honoré symboliquement « le sauveur ». Celui-ci avait effectué plusieurs démarches, ces dernières années, pour entrer en contact avec cette famille qui habite dans la principauté de Monaco. Il devait partir en France au mois d'avril 2004. Il a été saisi par le chef du cabinet de la présidence de la République française, qui lui avait adressé un programme de visite en France, signé le 15 février 2004, sous la référence n° SCP/5/S031385. Malheureusement, Mme Celly Francine décède au courant du 1er trimestre de l'année 2004. Le consulat général de France à Alger envoya une copie de donation de Mme Celly Francine, signée le 17 juin 2004, un testament dans lequel il est mentionné qu'une villa de 5 pièces meublées avec une piscine et un jardin, un véhicule, un garage, un coffret de bijoux (or et diamant) et une quantité de pièces de valeur avaient été légués par la défunte. Le septuagénaire Bahloul Abdelkader est surpris par la générosité de Mme Celley Francine et ses enfants. Il compte s'envoler à destination de la France le 28 avril 2006, pour se recueillir sur la tombe de la maman et retrouver les anciennes noyées et leurs enfants. Certaines chaînes de télévision et radios françaises avaient programmé des émissions consacrées au geste courageux de Bahloul Abdelkader, en pleine période coloniale, qui avait permis à une mère de récupérer ses deux filles saines et sauves, des tourbillons de la mer.