Un hommage aux milliers de Nord-Africains oubliés de la «der des ders». Et ce n'est que justice pour les milliers de combattants algériens, marocains, tunisiens et égyptiens ayant fortement contribué à la victoire des Alliés lors de la Première Guerre mondiale. Mobilisés de force, quelque 280 000 héros maghrébins ont été contraints à quitter les leurs pour aller servir de «chair à canon» et affronter, aux premiers rangs, les soldats de la Triple-Alliance. Mais leur sacrifice et leurs faits d'armes ont été oubliés. Cent ans après, une fondation belge baptisée «Forgotten Heroes 14-19 (les héros oubliés de la Grande Guerre 1914-1919) veut leur rendre hommage. Créée en 2012, cette fondation lance un ambitieux programme pour rappeler à l'opinion internationale le rôle extrêmement positif des combattants d'Afrique du Nord. Il s'agit d'une exposition internationale itinérante basée sur les nouvelles technologies (multimédia, 3D et 4D). «Notre action vise à montrer avec des images et témoignages vivants les faits historiques. Nous n'avons aucune prétention de raconter l'histoire qui est la mission des historiens», explique Luc Ferier, président de la fondation, qui s'est présenté hier à notre rédaction. Selon lui, il est grand temps de faire connaître cette partie de l'histoire où l'Algérie est le pays maghrébin qui a payé le plus lourd tribut. «Près d'un siècle nous sépare des tranchées de la Première Guerre mondiale, celles-là même où près de 25 000 soldats algériens perdirent la vie. Afin que nul n'oublie leurs sacrifices et ceux de leurs frères d'armes, nous souhaitions créer cette exposition qui sera lancée officiellement en mai 2014 et qui durera pendant cinq ans (jusqu'à 2019)», précise notre interlocuteur. Les responsables de cette fondation veulent que l'ouverture de cette importante exposition soit faite en Algérie. «Avant de lancer ce travail, nous avons décidé de prendre attache avec les responsables des gouvernements des pays concernés. C'est leur histoire et nous ne voulons pas commencer le travail sans avoir leur accord. C'est dans ce sens que nous avons contacté le ministère algérien des Affaires étrangères et le ministère des Moudjahidine», ajoute-t-il. «Au-delà des victimes, la Première Guerre mondiale fut pour l'Algérie synonyme de disettes en raison de la mobilisation de son économie au profit de la victoire des Alliés, d'exils contraints mais aussi de résistances», indique encore Luc Ferier. Ce projet, soutient-il, est confié à un comité scientifique dirigé par l'éminent historien Eugene Rogan, directeur du Middel East Center de l'université d'Oxford. La partie consacrée à l'Algérie est, souligne-t-il, supervisée par l'historienne algérienne Linda Amiri. Les responsables du projet devront, à une année du lancement de l'exposition, aller à la rencontre des familles de ces braves soldats pour recueillir leurs témoignages et chercher des archives relatant les faits d'armes des combattants nord-africains. «Le choix de cette scénographie innovante a l'avantage de permettre de recréer un univers et des ambiances suffisamment réalistes pour faire revivre aux visiteurs le quotidien de ces anonymes venus défendre un idéal de liberté qui leur était pourtant refusé dans leur propre pays», dira Luc Ferier.