La déception était visible sur les visages de ces femmes combattantes de la révolution invitées de tous les horizons d'Algérie à participer à la conférence nationale sur le rôle de la femme durant la guerre de libération organisée les 22 et 23 avril 2006 au palais de la culture et des arts Mohamed Boudiaf de Annaba. Hier, à la clôture des travaux de cette rencontre caractérisée par une totale anarchie, nombreuses ont été celles ayant tenu à exprimer leur mécontentement. « Les éloges contenues dans l'allocution de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, et les propos tenus dans son discours d'ouverture par Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine, nous sont allés droit au cœur. L'organisation a été totalement défaillante. Nous nous attendions à des communications et interventions de haut niveau pour mieux appréhender la participation et le rôle de la femme durant la guerre de libération. Or nous avons eu droit à des propos improvisés sur des situations particulières. L'anarchie était telle qu'on ne savait plus qui faisait quoi. Nous déplorons les propos déplacés exprimés à l'ouverture par certains membres, des personnes affirmant être des enfants de chouhada », ont avoué nombre de ces femmes. Dans le programme de cette conférence, les organisateurs du ministère des anciens moudjahidine avaient pourtant inclu des noms d'historiens, universitaires et illustres hommes et femmes en prise directe avec cette étape de l'histoire de l'Algérie. Au travers des témoignages, chacun ou chacune devait donner un plus à l'écriture sur le rôle de la femme durant la guerre de libération. L'intervention de la représentante des moudjahidate de la wilaya de Sétif a sauvé la mise d'une conférence qui tournait en queue de poisson. Elle a succinctement retracé les sacrifices consentis par des compagnons d'arme femmes, la préparation des opérations de guérilla, la stratégie appliquée pour l'approvisionnement en armes, munitions, produits alimentaires et pharmaceutiques, la recherche et la transmission des renseignements au maquis, le combat en milieu urbain, les atroces scènes de tortures dont elles ont été elles-mêmes victimes ou auxquelles elles avaient assisté, les actes de bravoure qu'elles ont vécus. Les unes et les autres ont souhaité ne pas voir la malheureuse expérience de Annaba lors de la prochaine conférence sur le même thème prévue pour être organisée à Oran avant la fin de l'année 2006. Du côté de l'Organisation nationale des enfants de chouhada, l'on s'est totalement démarqué des personnes à l'origine des perturbations vécues à l'ouverture de la conférence. « Ces personnes n'ont rien à voir ni de près ni de loin avec nos représentants qui ont assisté de bout en bout à cette conférence. Ce sont des membres de l'Onec qui ont tenté de tromper les participants en parlant au nom des enfants de chouhada. Encore une fois, je précise qu'ils n'ont aucune relation avec notre organisation dont la discipline de ses membres n'a d'égale que leur volonté à être digne du grand sacrifice consenti par leurs parents », a indiqué le secrétaire général de l'Onec à Annaba.