Les malades se trouvent souvent contraints de se tourner vers le privé pour des analyses ou une IRM ; des prestations qui ne sont plus assurées dans ce « grand » hôpital depuis des années. Totalement dépassé par le nombre sans cesse croissant de malades, ployant sous sa réputation parfois surfaite de centre hospitalier incontournable, le CHU DR Benbadis a besoin d'une remise à niveau urgente. Depuis des années les malades hospitalisés dans cette structure sont obligés de se tourner vers le privé pour des analyses mais surtout pour une IRM (imagerie à résonance magnétique) avec tout ce que cela implique comme dépenses pour eux. Il faut en effet avoir des relations solides au CHU pour obtenir un rendez-vous pour une IRM, témoignent des malades hospitalisés, sinon vous entendrez immanquablement la même réponse : «L'appareil est en panne !» Ce que nous avons vérifié par nous-même. «Le grand hôpital», comme l'appellent les Constantinois, donne, à l'évidence, des signes alarmants d'essoufflement aggravé, il est vrai, par l'absence d'un responsable à la tête d'une structure d'une telle importance qui est gérée depuis 2011, par des intérimaires. Des signes d'essoufflement qui ne sont pas uniquement palpables au niveau des services de l'imagerie médicale ou des analyses, mais également au niveau de certains services névralgiques, comme les urgences et l'anatomie pathologique, où il faut avoir là aussi le bras long pour faire une simple biopsie, ou encore le centre anticancer (CAC) et ses trois importants services où les travaux d'extension s'éternisent, malgré la réception de trois nouveaux accélérateurs. Il est regrettable de constater que le CHU DR Benbadis avec ses 1562 lits techniques mais aussi ses 1439 lits de passage (urgences et maternité), étouffe face à une demande débordante et voit, par ricochet, sa réputation sérieusement entamée par la vétusté, voire l'inexistence d'un plateau technique ad hoc. A noter que cet hôpital a bénéficié, en 2007, d'une subvention de 520 millions de dinars destinée, à cette époque, à rénover totalement son plateau technique. Abdeslem Rouabhi, le directeur de l'hôpital par intérim, que nous avons questionné à propos du retard enregistré dans la réalisation du centre anticancer, explique celui-ci par un problème de procédure et de réglementation. Selon lui, les délais réglementaires ne s'accommodent souvent pas avec l'urgence pour mener à bien un marché public. «Le financement n'était pas réuni au départ de l'opération qui concernait uniquement une extension de la salle d'attente pour un montant de 50 millions de dinars. Celle-ci a connu depuis 2007, plusieurs réévaluations pour passer à 560 millions de dinars avec l'installation des trois accélérateurs. L'installation physique de l'un d'eux est achevée ; nous sommes dans la phase des essais techniques. Dans un délai de 6 à 8 mois le projet sera achevé», précise-t-il. Concernant le fait que des malades hospitalisés au CHU soient contraints de se tourner vers le privé pour des examens biologiques censés être réalisés à l'hôpital, notre interlocuteur met en cause la demande impressionnante que connaît en la matière le CHU. D'après lui, ces problèmes doivent être réglés par les structures de base, à savoir les polycliniques, les EPSP et les EPH sachant que les missions dévolues au CHU consistent en la couverture des besoins médicaux hautement spécialisés. «Nos moyens ne nous permettent pas de couvrir tous ces besoins, mais nous avons néanmoins conclu récemment des marchés pour couvrir l'ensemble de la demande des services et laboratoires du CHU en consommables et réactifs», a-t-il ajouté.