De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Malgré les promesses et les moyens mis à la disposition des hôpitaux, le malaise y persiste. Pénurie de médicaments, absence de quelques réactifs d'analyse. Les malades les moins «endurants» préfèrent consentir des sacrifices et solliciter les cliniques privées. Celles-ci vivent aux dépens des défaillances enregistrées dans les centres hospitaliers universitaires. C'est une évidence, depuis que l'hôpital s'est révélé incapable de prendre en charge les patients sans les soumettre au parcours du combattant. «Il est inadmissible de contraindre le malade admis dans un service d'aller faire des explorations radiologiques en dehors de la structure», se plaint un jeune, dont la mère était hospitalisée au service de médecine interne du CHU Benbadis. Pis, si on se retrouvait dans un jour férié, où la plupart des établissements étaient fermés. Un témoignage vivant, «qui n'est pas le seul à démasquer les maux sanitaires», tant la population continue de gronder aux abords des services, en raison des multiples formes de pénuries qui sanctionnent les hôpitaux. «Ce n'est que temporaire», ne cessent de seriner les responsables du secteur, dont le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Le CHU de Constantine suffoque, il ne peut pas contenir les malades des 17 wilayas de l'Est.» C'est ainsi qu'une structure similaire est inscrite au programme, a affirmé Ould Abbés, lors de la récente visite qui l'a amené au centre anticancéreux. Toutefois, la problématique, selon le staff médical qui, à chaque fois, monte au créneau relève, pour l'heure, des conditions basiques pour assurer aux patients des soins au sein de l'hôpital. «Parfois des produits de première nécessité sont indisponibles dans les stocks», avouera un paramédical. Ce qui contraint les malades à solliciter, via leurs parents, les officines extérieures, ou d'autres établissements de santé (Epsp ou EHS) pour se les procurer, avec un peu de piston. Alors que la plupart des analyses sont indisponibles au CHU, faute de réactifs. Au point de pousser les concernés vers des laboratoires privés. Malgré toutes ces lacunes, les responsables tentent d'apaiser le climat par des assurances et des promesses qui tardent à se manifester dans les services. Le CHU a fraîchement inauguré son imagerie à résonnance magnétique «IRM» ce qui, au moins, allège la souffrance des patients nécessitant des explorations cycliques. Mais, étant donnée la forte demande qui y persiste les «moins endurants» préfèrent se ruer vers le privé que d'attendre des rendez-vous espacés. «Bénéficier d'une IRM est un acquis pour le CHU. Il faut cependant, savoir que la priorité est de faire passer des cas extrêmement urgents, avant de programmer des cas venant de l'extérieur», a souligné une source médicale. Le CHU devrait aussi bénéficier, incessamment, d'un deuxième scanner et en réparer un autre, en panne depuis une année, faute de garanties et de service après-vente de la firme Philips. A cet effet, le ministère a adressé une mise en garde au concessionnaire, sous peine de «boycotter» ses produits en Algérie. L'hôpital de Constantine, à l'instar des autres établissements à l'échelle nationale, cumule diverses insuffisances, en dépit du budget vertigineux dont dispose le secteur de la santé. Mais à chaque fois, au moment d'évoquer les insuffisances, dont la sempiternelle problématique de pénurie de médicaments, le ministère se dissimule derrière le facteur lié à la chaîne de distribution. «C'est une question d'organisation et de distribution», clamait le ministre au cours de ses visites d'inspection. Néanmoins, avec la future application de la directive relative à l'approvisionnement de la PCH de Constantine sans passer par Annaba, pourrait éviter les longues attentes. Mais ce ne sera pas pour demain, car il faudra disposer des espaces suffisants de stockage. Sur un autre chapitre, l'acquisition du matériel et des appareils de santé devra, à l'avenir, être négociée «de gré à gré», avec un consensus préalablement établi entre pouvoirs publics-opérateurs, et ce pour éviter les lenteurs administratives, comme cela avait été soulevé lors de l'importation des accélérateurs (radiothérapies). Le CHU de Constantine, impuissant avec ses ressources matérielles -puisqu'il assure la couverture d'urgence des 17 wilayas de l'Est- pénalise, malgré lui, les malades. Il les pousse à se plier en quatre pour pallier l'urgence dans des cliniques privées, au bonheur de celles-ci.