Le rassemblement de djihadistes aura lieu comme prévu dimanche malgré son interdiction par le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda, a déclaré le porte-parole d'Ançar Charia, le groupe islamiste radical qui l'organise. «Nous ne demandons pas l'autorisation du gouvernement pour prêcher la parole de Dieu et le mettons en garde contre toute intervention de la police pour empêcher la tenue du congrès», a assuré Seifeddine Raïs lors d'une conférence de presse hier à Tunis. «Le gouvernement sera responsable de toute goutte de sang qui sera versée», a-t-il averti, affirmant que plus de 40 000 personnes étaient attendues au rassemblement annuel prévu dimanche à Kairouan, dans le centre de la Tunisie. Le gouvernement tunisien a décidé d'interdire ce rassemblement sous prétexte que les organisateurs n'ont pas obtenu d'autorisation comme l'exige la loi, avait indiqué mercredi Rached Ghannouchi, l'influent chef d'Ennahda au pouvoir. Pour sa part, le ministère tunisien de l'Intérieur a exigé récemment l'obtention d'une autorisation préalable à toute activité publique des partis et associations, mais il n'avait pas encore fait connaître sa décision hier. Le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant, a menacé de poursuivre «toute personne appelant au meurtre, incitant à la haine (...) ou plantant des tentes de prêche», en allusion au dispositif utilisé par les salafistes pour prêcher et diffuser leurs idées. Le gouvernement a enclenché un bras de fer avec les djihadistes, alors que la Tunisie est confrontée depuis la révolution de janvier 2011 à la montée de groupuscules salafistes responsables de violences.