La villa Abdellatif accueille, jusqu'au 13 juin prochain, une exposition de peinture et de sculpture intitulée «El Maqamate». Inaugurée jeudi dernier, l'exposition est un hymne au soufisme et à l'islam. D'emblée, les organisateurs indiquent que «chaque sculpture affirme sa silhouette dans l'espace, à la fois par sa masse sombre et légère, mais aussi ses ombres graphiques entremêlées. Présences palpables et impalpables, silhouettes à la fois absentes et présentes». L'exposition est compartimentée en deux espaces distincts et en deux moments forts. Dans une des salles de la villa Abdellatif est accrochée aux murs une série de 80 imposantes lithographies. Dédiées aux maîtres du soufisme, ces lithographies sont étroitement liées à l'histoire de la culture de l'Algérie. Parmi ces maîtres du soufisme, citons, entre autres, Sidi Boumediène Chouaïeb, Jallal Eddine El Rûmi, Rabia El Adawiyya, Ibn El Arabi, Ibn Ata Allah El Iskandari, El Hallaj, Farid Eddine Attar, Cheikh Sidi Ahmed Tidjani, Cheikh El Alawi El Moustaghanami et Sidi Abdelkader Jilani. Vivant entre la Tunisie et la France, Rachid Koraïchi est réputé pour ses travaux sur le soufisme. D'ailleurs, il en fait un point d'honneur. Rachid Koraïchi se définit comme un artiste contemporain, s'inscrivant dans la civilisation islamique. Pour rappel, «El Maqamate» a été montée une première fois à Munich, en 2010, mais avait nécessité, auparavant, trois années de travail au Caire. Ainsi, le visiteur est convié à découvrir une série de huit lithographies où sont calligraphiés les 99 noms d'Allah. L'artiste a pris le soin de différencier chaque série de lithographies, consacrées à un personnage, par une couleur donnée. On retrouve ainsi, le bleu, le vert ou encore le rouge. La symbolique des signes berbères représentée à travers la lune, le croissant lunaire, les spirales et les ronds, occupe également une place de choix. Rachid Koraïchi indique, toutefois, qu'il faut plusieurs œuvres pour pouvoir parler en toute aisance de tous les saints du soufisme. «Maqamate, explique-t-il, est en quelque sorte une réponse aux intégristes qui ont extrapolé la religion. Ils se sont approprié la mosquée et dénaturé l'islam. L'Algérie a vécu cela.» Le deuxième volet de l'exposition se déroule à l'extérieur, dans les jardins magnifiques de la villa Abdellatif. A travers un périmètre précis, une série de sept sculptures sur bois d'ébène — grandeur nature — s'impose au regard. Intitulées «Prière pour l'absent», ces sculptures, s'assimilant à des silhouettes, sont un hommage à la défunte mère de l'artiste. Cette série de sept sculptures entre dans le cadre d'une exposition qui se tiendra, en 2014, dans la cathédrale de Casablanca.