Les grands projets spectaculaires dits islamiques ou autres appellations bizarres, réalisés à coups de centaines de milliards sans faire renouer les enfants avec leur culture, est un non-sens», révélait un plasticien, qui estime qu'il s'agit de développer le goût des enfants d'abord en suscitant chez eux l'esprit de curiosité. Autrement dit, quel est le pourcentage d'enfants qui visitent les musées, quand le département de l'éducation n'accorde que peu ou pas d'intérêt susceptible de leur faire faire des virées au cœur du patrimoine. «Pour pouvoir bondir, il faut reculer», tenait à préciser Younès Ouegueni, professeur à l'Epau d'Alger. En termes plus nets, pour aller de l'avant, il faut avoir des appuis solides. «Il faut être fier d'avoir hérité de tout ce que le passé avait de meilleur et de plus noble. Il ne faut pas souiller son patrimoine en multipliant les erreurs du passé», dixit le sage Gandhi. Et ce n'est pas faux lorsque le Nobel de littérature, Gao Xingiian, disait que «la culture n'est pas un luxe, c'est une nécessité». Mais combien de parents, d'associations de la société civile ou d'institutions publiques se passionnent pour cette charge, celle de créer l'engouement chez le jeune enfant en l'amenant dans quelques galeries de musée pour méditer le legs ancestral ? Faute de synergie d'institutions susceptible d'élaborer une stratégie pour développer l'esprit de création chez l'enfant, ce dernier se trouve livré à lui-même, sans repère. Il reste pour le moins puéril et simpliste à l'Epic Arts et culture d'organiser des galas de «Chtih oua rdih» à longueur de saison, sans pour autant fournir l'effort de penser à tisser un partenariat avec les musées disséminés à travers la wilaya au profit des scolaires. Sous d'autres cieux, cela se fait avec le concours même des chaînes de télévision visant à toucher un grand public. A Alger, une soixantaine de structures, que chapeaute l'auguste Epic, connaissent ces dernières années un vide sidéral au sens large du terme. L'alpha et l'oméga de cette institution de wilaya se confinent dans du réchauffé. C'est bien d'inviter les gosses pour des tours de magie et des numéros de clownerie jusqu'à leur donner une overdose. Ce sont des activités de loisirs qu'on pourrait pour le moins assimiler à des spectacles qui tendent à tenir en laisse les bambins pour leur éviter «les maux de la rue» ou des lieux peu rassurants. Sauf, qu'il serait beaucoup mieux de créer des espaces de théâtre permettant à l'enfant de s'exprimer et du coup s'épanouir ou des ludothèques censées leur fournir et l'utile et l'agréable. «La culture c'est ce qui relie les savoirs et les féconde», pour emprunter à ce que disait le sociologue Edgar Morin. Un autre clin d'œil : nombre de bibliothèques municipales et de médiathèques, qu'on tente de redynamiser, restent plus ou moins désertes. Faute d'encadrement approprié avancent les uns, gestion irréfléchie disent les autres.