Il est temps d'engager les travaux de recherche compte tenu de ce qui se passe dans la famille et la société», estime Slimane Medhar, spécialiste en psychosociale. Cet enseignant universitaire ayant pris par à la journée d'étude sur la protection juridique des enfants victimes d'actes criminels organisée, hier, à la Résidence des magistrats, à Alger, pointe un doigt accusateur sur les spécialistes des sciences sociales qui, d'après ses dires, n'ont pas joué leur rôle de scientifiques. D'après Slimane Medhar, les spécialistes en sciences sociales n'ont pas œuvré afin d'expliquer les fondements et les spécificités de la société algérienne. Et ce, pour permettre aux acteurs qui agissent sur le terrain de mieux cerner le problème de la violence, que M. Medhar relie au système social traditionnel algérien. «Comment éradiquer la violence lorsque le système qui la porte est ignoré ?», se demande le Dr Medhar. «Il faut passer notre système social traditionnel au dégraissage», suggère le sociologue, qui considère ce système non seulement dépassé, mais dangereux. C'est dans cette optique que Slimane Medhar aborde la problématique relative à la violence sociale de manière générale et la violence que subissent les enfants de manière particulière. Les fléaux ne peuvent être éradiqués que lorsqu'ils sont traités en amont. C'est la raison pour laquelle M. Medhar plaide pour une démarche qui aura pour objet d'étude ce «système social traditionnel occulté par les scientifiques». Cet enseignant universitaire insiste sur le fait que ce système traditionnel qui caractérise notre société est à l'origine de ce que nous subissons, entre autres la violence. Ce phénomène, notamment la violence que subissent les enfants, est la thématique retenue par le ministère de la Justice, cette année, à l'occasion de la Journée internationale de l'enfant. «Nous voulons que les criminels reconnaissent leur crime. Et que nous, les enfants, profitions pleinement de notre enfance.» Ce sont les propos d'Amina, une enfant qui se dit représentante de tous les enfants d'Algérie. Cette fillette exige que les enfants évoluent dans la sérénité, loin de toute atteinte à leur intégrité physique et morale. «La période de l'enfance se termine juste après l'agression et la majorité des enfants agressés meurent juste après l'agression», a déclaré la magistrate Mebarka Sakheri, directrice des études au ministère de la Justice. Pour sa part, Yakout Akroune, enseignante à l'Ecole supérieure de la magistrature, a évoqué les défaillances existant en matière de signalement.