On le disait déjà tueur d'espoir, mais le Premier ministre israélien a tout d'un va-t-en-guerre. Et encore devrait-on relever, il veut que cela se fasse avec le consentement de ses victimes et là, il s'agit du peuple palestinien. Le fait est rare, peut-être même unique dans les annales, mais ce que vient de déclarer Benyamin Netanyahu devrait susciter toutes les formes d'opposition. Il a enfin dit ce que le monde attendait de lui et aussi ce que les services secrets israéliens avaient déclaré à propos de la classe politique israélienne. C'est-à-dire que la paix avec les Palestiniens ne figure pas dans son agenda. Netanyahu demande aux Palestiniens d'accepter le fait accompli israélien et donc de renoncer à leurs droits nationaux qui consistent en l'édification d'un Etat indépendant dans le cadre des frontières reconnues internationalement. Aucune condition particulière, le gel de la colonisation n'en étant à vrai dire pas une, car ce processus inauguré en 1967, jamais reconnu par les Nations unies, a privé les Palestiniens de l'essentiel de leurs terres. Plus que cela, les terres en question fractionnées par des colonies israéliennes sont des points – des confettis – éparpillés sans continuité territoriale, ôtant de fait toute viabilité à un quelconque espace palestinien. La formule israélienne est tout simplement assassine. «Pour moi, l'établissement de conditions préalables est un obstacle insurmontable», a ainsi déclaré M. Netanyahu. Pour renouer le dialogue, la direction palestinienne exige un gel total de la colonisation israélienne et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions. C'est exactement ce que comportait le plan retenu pour la conférence internationale de Madrid de novembre 1991 (les résolutions 242 et 338 retenues comme base de règlement), plus tard la feuille de route du fameux Quartette et avant lui des préalables – jamais obtenus – de la médiation américaine de George Mitchell. En fait, tout est dans les résolutions des Nations unies. En ce qui concerne cette fois, les conditions israéliennes, Netanyahu prône un «accord basé sur un Etat palestinien démilitarisé qui reconnaît l'Etat juif et des mesures de sécurité fermes assurées par l'armée israélienne», tout en assurant que «la construction dans les colonies de Cisjordanie a lieu aujourd'hui et va continuer». On se rendra vite compte que jamais une force d'occupation n'avait posé autant de conditions et menacé à ce point la paix et la sécurité internationale, car il faut dans tous les cas de figure envisager les conséquences d'une telle intransigeance. Les Palestiniens, en ce qui les concerne, ont décidé de prendre acte de la position israélienne, les accusant de fuir «les négociations et une paix véritable». Ou de les appeler à respecter «les engagements signés par les gouvernements israéliens précédents», le dernier étant celui dit d'Oslo, conclu en 1993 et qui n'avait jamais en fait suscité l'enthousiasme des Palestiniens, considérant que tout était à faire. La suite immédiate leur donnera raison, Ariel Sharon s'empressant de décréter la mort de cet accord au soir de son élection au poste de Premier ministre en février 2001. Entre autres conséquences de cette intransigeance, figure au moins le report d'une cinquième visite dans la région du secrétaire d'Etat américain, même si, dit-on officiellement, il doit faire face à d'autres obligations internationales. John Kerry a averti au début du mois Israël qu'il serait bientôt trop tard pour faire la paix avec les Palestiniens. «Le temps presse. Les occasions se font rares», a-t-il plaidé, en réaffirmant que «la solution à un Etat n'existe tout simplement pour aucune des deux parties», israélienne et palestinienne.