La fin du psychodrame a sonné pour le Conseil français du culte musulman (CFCM). Alors que la semaine précédente, le conseil d'administration n'avait pas réussi à se mettre d'accord sur le nouvel organigramme, hier à Paris, tout a été réglé. Lyon. De notre correspondant Le Rassemblement des musulmans de France (RMF), qui a remporté le scrutin de renouvellement du 8 juin, et son challenger, la Grande mosquée de Paris (GMP), sont parvenus à un accord. Ainsi, le recteur de la GMP, Dalil Boubakeur, a été élu hier président du CFCM, pour une durée de deux ans, selon le protocole qui avait été convenu et qui n'avait pu aboutir le 23 juin. Au terme du partage des postes, ce devrait être Anouar Kbibech pour le RMF qui succéderait à Boubakeur dans deux ans (pour la période 2015-2017), puis Ahmet Ogras (de l'association des Turcs CCMTF), de 2017 à 2019. Les trois «clubs» se partageront les postes au sein du bureau. L'Algérien Abdallah Zekri, seul membre de la GMP à avoir refusé la politique de la chaise vide en 2011, sera le trésorier de l'instance et est maintenu dans ses fonctions de président de l'Observatoire de l'islamophobie. Après cette mise en place mouvementée du CFCM, la question restera entière de l'utilité du CFCM, conçu pour être un interlocuteur des autorités françaises. Outre que certains lui reprochent d'être une «coquille vide» ou un simple «pourvoyeur» de postes, le conseil est vivement critiqué par de nombreuses associations musulmanes pour son apparente inefficacité, alors que les actes antimusulmans se sont multipliés en France ces derniers mois. Plusieurs associations de mosquées ont refusé de participer à l'élection du 8 juin et divers appels, plus ou moins aboutis, ont été lancés pour revoir la représentativité de l'islam de France. Il est à rappeler que M. Boubakeur, 72 ans, succède au Franco-Marocain Mohamed Moussaoui qui a écourté d'un an son second mandat pour permettre la mise en œuvre d'une réforme souhaitée par les autorités françaises. Le recteur de la GMP a déjà effectué deux mandats, de 2003 à 2008, à la tête du CFCM sans avoir été élu. Le CFCM a été créé en 2003 pour doter les 3,5 millions de musulmans vivant en France d'une instance représentative.