De toutes les communautés algériennes établies à l'étranger, celle qui est en France est la plus importante en nombre. Marseille. De notre envoyée spéciale
A l'occasion de la célébration des festivités du cinquantenaire de l'indépendance, le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger, Belkacem Sahli, s'est déplacé à Marseille pour s'entretenir avec les représentants de cette communauté et a effectué son retour à Alger à bord du navire Tariq Ibn Ziyad où il a échangé avec les émigrés sur leurs préoccupations de voyageurs. Même si la distance est courte, le prix à payer pour revenir au pays et rendre visite à leur famille est excessivement cher. Que ce soit par avion ou par mer, les Algériens de France souffrent des tarifs appliqués et se disent lésés par rapport aux Marocains et Tunisiens, dont les pays d'origine assurent des prix très compétitifs. Se prêtant au jeu des questions-réponses avec les auditeurs de la radio Gazelle, M. Sahli assure qu'une commission sera installée afin d'étudier tous les aspects de cette question et que pour le mois de Ramadhan, des réductions de 50% seront assurées par les compagnies Air Algérie et l'Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs (ENTMV). «Je ne peux concevoir qu'on nous prive de notre pays avec ces prix défiant tout entendement. Je veux pouvoir me rendre chez moi autant que je veux, voir ma famille autant que je veux, mais je ne peux pas le faire, c'est trop cher. Le Maroc n'a pas notre pétrole, mais permet à ses citoyens d'aller et venir entre la France et le Maroc autant de fois qu'ils veulent en leur offrant des prix défiant toute concurrence», nous dit un citoyen algérien vivant à Marseille. «Je préfère ramener mes parents avec moins de frais pour les voir en France, que de payer plus de 3000 euros si je dois me déplacer avec toute ma famille et passer des vacances en Algérie», lance un voyageur du Tariq Ibn Ziyad à M. Sahli qui dit souffrir de payer autant pour pouvoir venir chez lui et voir ses parents. Et à M. Sahli de répondre : «Ce sont des règles commerciales qui me dépassent.» Hacen Graïria, PDG de l'ENTMV, tout en reconnaissant que le prix du billet reste cher, précise que la compagnie nationale souffre elle aussi de la cherté des inputs. «Je comprends que cette préoccupation revienne souvent, mais il ne faut pas oublier que les inputs nous coûtent excessivement cher, certains produits sont hors de prix. Nous payons à titre d'exemple le carburant à 300 milliards de centimes, c'est ce qui fait la cherté de nos billets», affirme-t-il. Il tient à souligner que l'ENTMV applique les mêmes prix que les compagnies françaises concurrentes, en offrant en prime aux voyageurs en classe cabine le petit déjeuner et deux repas. Le carburant, qui est acheté par Naftal, une autre compagnie nationale, est vendu à l'ENTMV avec une marge importante, nous dit-on. Même en cas de baisse du prix du fuel sur le marché international, l'ENTMV achète auprès de Naftal le carburant au prix fort. Outre la cherté du transport, les ressortissants algériens se plaignent de la lenteur des procédures de dédouanement et de contrôle policier aux frontières. «C'est parce que vous êtes là que c'est rapide aujourd'hui», lance un passager à M. Sahli. Ce dernier lui répond : «La procédure de TPD (contrôle douanier) se fait depuis des années sur le bateau pendant la période estivale.» Et au directeur commercial de l'ENTMV, Iqbal Cherifi, d'affirmer : «Les TPD et assurance véhicule se font sur le bateau depuis 1999 du 1er juin au 30 septembre.» Les voyageurs sont souvent retardés au niveau du port du fait des vérifications douanières et policières qui peuvent prendre des heures. «Des efforts sont accomplis afin de faciliter ces procédures. Notamment à travers le recours cette année à des box mobiles des agents de police au niveau du port pour permettre aux voyageurs d'accomplir les formalités sans quitter leur véhicule. Il y aura aussi un renforcement du nombre d'agents, notamment féminins, afin de faciliter le travail et arriver à un record d'un contrôle en une minute pour chaque passager et aussi séparer les voyageurs en partance et ceux en départ. Des efforts sont faits afin de réduire le temps de contrôle de 3 heures à 2 heures et demie», note M. Sahli en promettant qu'avec la généralisation du passeport biométrique, le passage au niveau de la PAF sera très rapide. De plus, un numéro vert et un questionnaire sont à la disposition des voyageurs pour dénoncer tout dépassement au niveau des points de contrôle. Une assurance de 25 euros pour le rapatriement des corps Autre sujet de préoccupations dont souffrent les émigrés, celui du rapatriement des dépouilles des personnes décédées à l'étranger. «Lorsqu'un émigré marocain meurt, c'est le consulat qui prend en charge son rapatriement. Les Algériens par contre font la quête pour rapatrier les personnes décédées et s'ils ne peuvent pas les enterrer dignement, nos morts sont enterrés dans des fosses communes», dénonce un auditeur de la radio, appelant M. Sahli à faire quelque chose. Et à ce dernier de répondre qu'il existe pour ce cas la disposition d'une assurance rapatriement de corps nécessitant une cotisation de 25 euros chaque année. «Cette assurance prévoit des remises pour les familles et permettra un transfert bancaire à partir de la France», note M. Sahli en annonçant qu'il y a actuellement un débat au niveau du gouvernement et avec le ministère des Finances sur la possibilité d'ouverture d'une filière bancaire algérienne en France pour permettre les transferts de fonds via des banques françaises. Les logements LPP seront accessibles aux émigrés Un projet d'ouverture de la formule du logement promotionnel privé (LPP) aux Algériens de l'étranger est aussi en cours de discussion au niveau du gouvernement et le transfert d'argent permettra à ces ressortissants de payer leurs logements. Pour ce qui est de l'accueil au niveau des consulats, les ressortissants algériens disent souffrir d'un manque de considération et de mauvaise organisation. «Au consulat de Lille qui couvre plusieurs départements du Nord, les agents consulaires ne se déplacent plus pour nous faciliter l'acquisition des papiers. Quand j'ai posé la question au consul, il m'a dit que c'est parce qu'au dernier vote, vous n'avez pas été nombreux à aller voter. C'est irresponsable ça !», dénonce un voyageur à M. Sahli. Ce dernier répond : «Les services consulaires sont au service des ressortissants. Les missions itinérantes existaient pour les passeports ordinaires, mais pour les biométriques, c'est au citoyen de se déplacer.» Il annonce aussi qu'un programme est en cours pour rééquilibrer le nombre de consulats, avec la réouverture d'anciens sièges et chercher de nouveaux là où le besoin se fait sentir.