La sentence est tombée comme un couperet. L'appel interjeté n'est pas suspensif de la décision de justice d'expulsion du tribunal de Annaba. Elle a été prise sur la base d'une simple procuration établie et signée chez un notaire français installé dans la région de Montpellier, attestant que le prétendu propriétaire, un ancien colon, donnait procuration à un Algérien, résident en France depuis 1992, d'agir en son nom et en Algérie pour la récupération dudit logement. Le notaire, dont la démarche aurait été désapprouvée par le président de l'ordre des notaires français, s'était limité à apposer son cachet et sa signature au titre de simple légalisation des 2 bénéficiaires signataires. « La justice algérienne a été trompée par une photocopie d'une fausse procuration. Le logement que j'occupe depuis 1992 a été déclaré bien vacant et pris en charge par l'Office de promotion et de gestion immobilière de Annaba. J'ai en ma possession tous les documents attestant qu'il m'a été attribué en toute légalité et en conformité avec les lois de la République algérienne par une institution représentative de l'Etat algérien. J'ai été étonnée de la décision de justice. Aujourd'hui, ma famille et moi sommes persécutées par un huissier de justice chargé de l'exécution d'expulsion. Où est la République algérienne ? A qui dois-je m'adresser pour que justice me soit rendue », affirmait Mme Dehili Aïcha, la victime, à qui voulait bien entendre son cri de détresse. En sanglots, cette mère de famille, dont des enfants en bas âge, montrait l'arrêté d'attribution du logement litigieux. Il a été établi en son nom en 1992 par l'OPGI de Annaba. Depuis, Mme Dehili s'est régulièrement acquittée de ses droits locatifs auprès des services de cette institution. Pour confirmer que le logement en question est un bien vacant propriété de l'Etat algérien et qu'il a été bel et bien attribué à cette mère de famille, l'OPGI lui a remis une attestation de confirmation de statut de bien vacant du logement. Malgré tous ces documents y compris des reçus de loyer OPGI que la locatrice n'a jamais cessé de payer, ainsi que la correspondance du président de l'ordre des notaires français désapprouvant son pair quant à l'établissement de la procuration, les magistrats du tribunal de Annaba ont décidé de son expulsion. Cette affaire fait actuellement l'objet de toutes les discussions sur la place publique locale.