Les chefs de la diplomatie des cinq Grands et de l'Allemagne ont discuté lundi soir pendant plus de trois heures du dossier nucléaire iranien, sans parvenir à un accord sur une résolution contraignante pour Téhéran. « Il n'y a pas encore d'accord sur le fait qu'il devrait y avoir une résolution faisant référence au chapitre VII » de la charte des Nations unies, qui ouvre la voie à de possibles sanctions et en dernier ressort à un recours à la force, a indiqué un haut responsable américain ayant requis l'anonymat. « Les chances d'un accord cette semaine ne sont pas bonnes », a-t-il ajouté, alors que Washington avait récemment exprimé sa confiance pour l'adoption prochaine d'une telle résolution. Selon le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, les discussions à New York n'ont pas porté sur d'éventuelles sanctions concrètes contre l'Iran. Les négociations, y compris des pourparlers directs entre les grandes puissances et l'Iran, doivent se poursuivre, a-t-il insisté. Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a estimé qu'il restait « cinq à six questions en suspens » pour trouver un accord sur une résolution de l'Onu sur l'Iran. « Nous devons, dans tous les cas, nous assurer qu'aucun automatisme ne soit amorcé qui ne soit plus contrôlable par la suite », a dit le ministre. « Tous les participants ont donné des assurances » dans cette direction, a-t-il précisé. La Chine a, pour sa part, de nouveau appelé hier au calme et à la poursuite des efforts diplomatiques pour résoudre la crise. Un projet de résolution contraignante à l'égard de Téhéran circule entre les membres du Conseil de sécurité, mais la Chine et la Russie émettent depuis plusieurs jours des réserves importantes sur la référence au chapitre VII qui avait permis aux Etats-Unis d'envahir l'Irak en 2003. Plus de trois heures de discussions, entrecoupées d'un dîner offert par la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice dans un grand hôtel de New York, n'ont pas permis d'aplanir les divergences. Les Occidentaux soupçonnent Téhéran de vouloir acquérir l'arme nucléaire avec son programme d'enrichissement de l'uranium, ce que l'Iran dément, affirmant ne vouloir se doter que d'énergie nucléaire civile. Les entretiens de New York ont aussi inclu la question des droits de l'homme en Iran et le soutien présumé de ce pays au terrorisme, a indiqué le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Selon le département d'Etat, Condoleezza Rice « a évoqué brièvement » la lettre envoyée lundi par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à son homologue américain George W. Bush, dans laquelle Téhéran propose « de nouveaux moyens » pour faire baisser les tensions dans le monde. Cette missive, qui rompt avec 26 ans d'absence de contacts directs entre Téhéran et Washington, ne contient rien de nouveau, a jugé Washington.