C'est l'un des petits soucis qui accablent les parents à chaque rentrée sociale. La recherche d'une place en crèche ou chez des nourrices peut se révéler un véritable chemin de croix. La première difficulté consiste à dénicher une place. Certaines garderies ont clôturé les inscriptions en mai dernier ; d'autres, à l'image de quelques crèches publiques, ont affiché complet dès le premier jour d'inscription. «Nous avons ouvert les inscriptions du 1er au 3 septembre. Dès le premier jour, nous avons atteint le nombre de places requises (140 places). Nous avons inscrit les autres sur une liste d'attente, qui ne cesse de s'allonger», nous explique une éducatrice dans une crèche publique à Alger-Centre. Le fait est que le nombre de crèches publiques reste très en deçà des besoins. La wilaya d'Alger, à titre d'exemple, gère 34 établissements pour une population de plus de trois millions d'habitants. Le déséquilibre entre l'offre et la demande est tel que la multiplication des crèches privées n'a pas réussi à combler les besoins. Et quand bien même les parents parviendraient à réserver une place pour leur enfant, ils ne sont pas au bout de leurs peines. Car le monde merveilleux de la petite enfance a aussi ses travers : maltraitances, manque d'hygiène, crèches privées peu regardantes sur les CV de leurs employés, établissements clandestins, absence de règles de sécurité et de prévention sanitaire, endoctrinement religieux… Nombre de parents ne se rendent pas à leur lieu de travail l'esprit tranquille. «Très souvent, on ne sait pas ce qui se passe dans les crèches. Certaines éducatrices nous ferment la porte au nez, ce n'est pas très rassurant», confie une jeune maman. Rares sont les jardins d'enfants qui permettent aux parents d'accompagner leurs petits à la crèche toute une journée pour s'assurer que les choses se déroulent comme il faut, de partager les premiers pas de l'enfant dans la vie en société et ne pas vivre ainsi la séparation comme un déchirement. Bien sûr, il existe des normes définies par le décret 02-87 du 17 septembre 2008, mais il y a quelquefois des écarts entre la théorie et la pratique, notamment dans les crèches privées. La réglementation liée aux normes pédagogiques d'espace, de volume d'air, d'hygiène et de sanitaires stipule que les grande et moyenne sections (5 et 4 ans, inscrits en préscolaire) doivent contenir 35 enfants au maximum. La section des enfants âgés de 3 ans doit en contenir 25 par classe et 15 par classe pour la section des moins de 3 ans (12 à 36 mois). Dans l'idéal, une crèche appropriée doit offrir 1,4 m2 pour chaque enfant. Les salles pédagogiques ne doivent pas être inférieures à 40 m2 pour 30 enfants. Les espaces de cours et de détente ne doivent pas être inférieurs à 150 m2 dont la moitié de la superficie doit être aménagée en aire de jeux alors que l'autre moitié doit faire office de jardin pour que les enfants puissent s'y détendre. Sur le plan pédagogique, les établissements gérés par l'Etat suivent le programme officiel initié par le ministère de l'Education nationale selon la loi 04-08 du 23 janvier 2008. Pour ceux âgés de 3 ans, ils sont initiés à des petits programmes d'activités pratiques. Selon les textes de loi, les éducatrices doivent assurer 36 heures de travail par semaine. La loi 04-08 du 23 janvier 2008 stipule que «les enfants de la petite école doivent bénéficier de ce système, y compris les crèches privées». Et puis, il y a quelques désagréments qui diffèrent d'une garderie à une autre : certaines imposent une majoration de 50% en cas de retard de paiement ; d'autres ordonnent un tarif supplémentaire (allant de 200 à 500 DA l'heure) au cas où la garde de l'enfant s'étale au-delà de 16h30. «Il faut dire que les tarifs des garderies augmentent chaque année. A peine a-t-on annoncé que les fonctionnaires allaient bénéficier d'une augmentation de salaires que les prix ont doublé», confie Farida, enseignante. Le placement des enfants chez les nourrices n'est guère plus rassurant. Non seulement la qualité de la prise en charge n'est pas assurée, mais il faut, en prime, composer avec les sautes d'humeur de la nounou. «Du jour au lendemain, la nourrice a décidé d'arrêter de garder ma fille de 2 ans, je me suis retrouvée contrainte de m'absenter plusieurs jours en attendant de trouver une autre solution», raconte Hafida, cadre dans une entreprise privée. Des parents se plaignent de l'environnement inadapté pour la garde d'enfants en bas âge ou de nourrices qui rechignent à changer les plus petits ou bien les laissent pleurer. Il existe pourtant une loi définissant les règles et les conditions de travail de l'assistante maternelle à domicile. L'une des dispositions du décret exécutif du 17 septembre 2008 précise que lorsque l'assistante maternelle à domicile est recrutée directement par les parents, un contrat doit être établi, qui fixe notamment la rémunération, les conditions, la durée et les horaires d'accueil. La loi reste inapplicable dans bien des cas. Les parents subissent, sans mot dire, les incohérences du système.