Lentement mais sûrement, la ville des Ponts retrouve ses touristes. Ces derniers mois ont vu défiler des groupes importants de touristes avec un pic durant le Festival de jazz. L'hôtel Cirta ne désemplit pas et enregistre même des surcharges à l'occasion des passages de groupes en voyage organisé. C'était le cas vendredi et samedi derniers, puisqu'il a accueilli 43 Français pris en charge par la dynamique agence Timgad Voyages. Grâce à cette agence, « la seule à proposer la destination Algérie en Hexagone en cette période de publicité touristique », affirme l'une des touristes. Ces retraités français ont pu visiter Tlemcen, Oran, Alger et Constantine avant de se diriger vers Timgad à Batna et ensuite Biskra. Un circuit riche et qui demande ainsi beaucoup de temps (le séjour est limité à 9 jours), estiment à l'unanimité les visiteurs que nous avons rencontrés. Ils ont montré une grande satisfaction de ce qu'ils ont vu jusque-là et semblaient excités à l'idée de partir à Biskra sans faire cas de la chaleur. Parmi eux, plusieurs ont fait leur service militaire en Algérie durant la guerre de 1954-1962 et avaient la nostalgie de l'Algérie. D'autres moins chanceux n'ont pas pu faire ce voyage. « Mon mari est décédé cette année avant de pouvoir réaliser son rêve, alors je fais ce voyage sans lui mais pour lui », raconte Marie France, les larmes aux yeux. Ces touristes ont préféré venir en Algérie malgré les prix beaucoup plus chers que ceux pratiqués par les pays voisins. « Les tarifs de la compagnie aérienne nationale sont les plus chers au monde », s'indigne Chérif Menaceur, directeur de Timgad Voyages, qui souligne en outre la qualité médiocre du service et l'absence totale de ponctualité des vols. « Nous avons dû annuler la semaine dernière une descente à Ghardaïa parce que l'avion n'a pas décollé d'Alger », précisera-t-il. Mais l'inconséquence d'Air Algérie n'est pas le seul obstacle à l'essor du tourisme en Algérie. « Il y a quelque temps, on a dû annuler le déplacement d'un groupe de 800 personnes de la ville de Mulhouse qui devaient participer à la chasse au sanglier à Oum El Bouaghi. Malgré toutes les dispositions prises de notre part, aucun responsable n'a voulu prendre la responsabilité d'autoriser cette battue au niveau du ministère de l'Intérieur ». Selon lui, le déficit en matière de lits d'hôtel freine également l'ardeur des tours opérateurs. Mais M. Menaceur ne désespère pas, cependant, ne serait-ce que sur ce dernier point à voir les nombreux projets d'hôtels en chantier notamment à l'est du pays. Pourtant, il suffit que l'infrastructure soit mise en place pour voir la marée de touristes se fondre sur l'Algérie. Une idée que soutient Bernadette, la plus dynamique qui répond au nom du groupe pour dire qu'ils ont « choisi l'Algérie parce qu'ils aiment ce pays ». Pour Jean-Michel, un autre touriste, : « La sécurité est assurée et le style de vie s'est complètement amélioré ». Presque en chœur, les membres du groupe que nous avons rencontrés annoncent qu'ils témoigneront pour faire de la publicité pour cette destination. La masse de jeunes qui forme, cependant, un potentiel important de touristes, a besoin de voyager avec des prix abordables. Un message on ne peut plus clair pour les décideurs qui semblent vouloir faire du créneau l'une des bases économiques de l'avenir et offrir grâce au tourisme une nouvelle vitrine pour l'Algérie.