Il y a quinze jours, à Haouch El Bourari, entre Boufarik et Chebli, les citoyens ont coupé la route à la suite d'un accident de la circulation, et ont eu gain de cause : quatre dos d'âne (peut-être plus !) ont été installés pour dissuader les chauffards de faire de la vitesse avec les conséquences que cela peut engendrer. Une semaine après, sur la route Chebli-Birtouta, une rixe qui a éclaté à cause de l'imprudence d'un jeune au volant d'une voiture récente s'est transformée en bataille rangée avec armes blanches et tout a dégénéré : des véhicules ont été endommagés par les riverains en colère. Le lendemain, des ouvriers ont installé, en présence et avec la bénédiction des officiels, des dos d'âne pour calmer les esprits. Faut-il à chaque fois qu'il y a délit de la part d'un (seul) chauffard installer ces monstruosités de goudron à travers la chaussée pour punir «à perpétuité» tous les usagers de la route ? Le dos d'âne est-il la seule solution aux drames de la circulation ? Un propriétaire d'un véhicule, souffrant quotidiennement de ces dos d'âne qui ressemblent plus à des marches d'escalier qu'à des ralentisseurs, affirme avec un humour caustique : «Il y a tellement de dos d'âne sur nos routes que nos voitures sautillent au lieu de rouler. Il est préférable de combler les vides entre les dos d'âne avec d'autres ralentisseurs du même genre. Ainsi, la chaussée serait uniforme. Au lieu de sévir et de punir les chauffards, nous sommes condamnés à avoir un dos d'âne chacun. C'est malheureux !» Au lieu de «défigurer» nos routes avec des dos d'âne en veux-tu, en voilà (d'ailleurs, la locution utilisée pour les désigners n'est pas civilisée), il serait judicieux de commencer par retaper les routes (pour éliminer les nids-de-poule), retracer les passages pour piétons (ils ne sont plus cloutés !), recréer les bandes cyclables et celles d'arrêt d'urgence, installer des trottoirs et, en milieu scolaire, apprendre aux enfants à les utiliser. Il est vital, pour ces innocents, que des agents de l'ordre soient affectés devant les établissements scolaires pour les aider à traverser la route à la sortie de l'école. Nous sommes tous pour une route sécurisée, sans dos d'âne, sans accident, sans victime, sans sirène d'ambulances. En somme, quand la conduite redeviendra un acte civilisé.