La marche à laquelle a appelé le comité de réhabilitation du 5 Octobre 1988 (CRO) à Béjaïa a eu lieu, hier, en présence de peu de monde dont l'engagement a fortement contrasté avec la grande démission de la rue. Des dizaines de marcheurs ont battu le pavé chaud séparant le théâtre régional, en haute ville, et l'esplanade de la Maison de la culture, cartons rouges à la main, brandis à la face du système en place qui semble avoir réussi à faire oublier Octobre 1988. «C'en est fini avec Imazighene», a lancé, ignoramment, un jeune Bougiote en se faufilant au milieu des marcheurs à bord de sa moto bariolée. Une gerbe de fleurs devant et une suite de banderoles dont l'une rappelle que les trois dates 20 Août 1956, 5 Octobre 1988 et 5 octobre 2013 partagent les «mêmes valeurs». «Pour la libération du 5 Octobre journée nationale de la démocratie», «pour une République démocratique et sociale»… Les slogans inscrit sur les banderoles ont accompagné une marche silencieuse dans la majorité de son trajet, face aux regards je-m'en-fichistes de centaines de badauds. En dehors de quelques militants et anonymes, les marcheurs se recrutent parmi les rangs des seuls représentants des organisations et rares partis politiques qui viennent accompagner le tout nouveau comité de réhabilitation du 5 Octobre. L'appel à la mobilisation du CRO a vraisemblablement buté sur le manque de volonté des uns et le peu de conviction des autres. Le RCD s'est contenté de déléguer deux de ses représentants du bureau régional. Le FFS, lui, a battu le rappel de ses troupes pour l'inauguration, durant la même journée d'hier, d'une stèle à Akfadou. La présence très discrète d'un de ses élus à l'APW de Béjaïa, qui a suivi en retrait une partie du meeting de l'après-marche, n'aura rien changé. Jil Djadid s'est efforcé à un SMIG en se faisant timidement représenter par un de ses membres fondateurs, non moins engagé, en la personne de Rabah Naceri. Seul le PST a eu une position tranchée et franche qu'il a rendue publique en soutenant l'action du CRO à laquelle certains de ses responsables locaux ont participé. Attendus pour y mettre leur touche, les artistes ont d'autres «tambours à battre». «Le 5 Octobre 1988 est une fenêtre sur la démocratie n'en déplaise aux partis qui ont organisé aujourd'hui des activités pour détourner l'attention», s'est exclamé Rabah Naceri, décochant une flèche en direction du FFS. «Nous avons appelé les partis politiques mais ils ne sont pas venus», s'est désolé Karim Boudjaoui, membre du CRO et représentant du Comité de solidarité avec les travailleurs. «Ce n'est pas le nombre qui compte, mais la qualité des militants qui sont ici», a-t-il lancé. «Nous ne sommes pas nombreux aujourd'hui et nous sommes conscients de cela. Le pouvoir a tétanisé toutes les forces de la nation, y compris les partis politiques et les associations», a déclaré Saïd Salhi, président de la LADDH-Béjaïa.