Le gouvernement iranien a confirmé, hier, que le refus de l'Iran de suspendre son enrichissement d'uranium, alors que les membres du Conseil de sécurité semblent divisés sur la marche à suivre pour l'y contraindre. « Nous ne reculerons pas », a dit le porte-parole du gouvernement Gholam Hossein Elham, lors de son point de presse hebdomadaire, en insistant sur le « droit légal et absolu » de l'Iran à l'enrichissement. « Ce n'est pas quelque chose sur lequel on peut reculer, aussi bien en ce qui concerne la recherche que dans le domaine industriel, ce n'est pas une question sur laquelle on peut négocier et reculer. » Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine) et l'Allemagne doivent se retrouver aujourd'hui à Londres pour étudier une offre européenne visant à convaincre l'Iran de notamment suspendre son enrichissement d'uranium. Cette offre, encore en gestation, qui mêle mesures incitatives et menaces de sanctions, a d'ores et déjà été rejetée par la direction iranienne. Evoquant la réunion d'aujourd'hui, M. Elham a déclaré que « quelle que soit la décision qu'ils vont prendre, elle doit respecter les droits légaux et légitimes de l'Iran ». Téhéran a ignoré une première demande du Conseil de sécurité des Nations unies de suspendre son enrichissement d'uranium, entamé début avril. Ce procédé permet d'obtenir aussi bien le combustible pour une centrale nucléaire que la charge fissile pour une bombe atomique, selon le degré d'enrichissement. Les Occidentaux craignent que le programme nucléaire civil iranien dissimule un volet militaire, ce que Téhéran a toujours démenti. Les cinq grands du conseil sont d'accord sur l'objectif d'empêcher l'Iran d'obtenir une capacité nucléaire militaire, mais divisés sur les moyens d'y parvenir. « Nous sommes tombés d'accord sur le fait que l'Iran ne devrait pas avoir la capacité de fabriquer des armes nucléaires et ne devrait pas faire proliférer des armes de destruction massive », a déclaré hier la chancelière allemande Angela Merkel, à l'issue d'une rencontre à Pékin avec le Premier ministre Wen Jiabao. Mais la Chine et la Russie sont aussi opposés à des sanctions contre l'Iran pour le faire plier. « Il n'existe pas d'exemple dans l'histoire contemporaine que des sanctions aient produit les résultats escomptés », a répété le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov dimanche, lors d'une visite en Arabie Saoudite. Son homologue chinois Li Zhaoxing, en visite en Mauritanie, a appelé le même jour la communauté internationale « à la retenue » sur ce dossier, en estimant que « la solution diplomatique est encore possible ». Le projet d'offre européenne envisage quinze types de sanctions contre l'Iran, mais sans aller jusqu'à l'usage de la force. Un autre sujet de division, cette fois entre Européens et Américains, porte sur la possibilité d'offrir à l'Iran des garanties de sécurité. « Il n'y a pas de garanties de sécurité sur la table », a martelé dimanche la chef de la diplomatie américaine Condoleeza Rice, en assurant que ses collègues européens ne lui ont pas demandé « si les Etats-Unis accorderaient des garanties de sécurité aux Iraniens ». Or son homologue français Philippe Douste-Blazy, tout comme le haut représentant pour la politique extérieure de l'Union Européenne (UE), Javier Solana, ont récemment mentionné la possibilité d'aborder des « questions de sécurité » dans l'offre européenne. Finalement, une autre ligne de fracture pourrait se faire jour entre Européens eux-mêmes. Le magazine allemand Der Spiegel a cité hier des sources gouvernementales à Berlin, selon lesquelles il conviendrait de reconnaître l'état actuel des recherches et du développement de l'enrichissement de l'uranium par le régime iranien. Mais à la condition que ces activités soient contrôlées par les organisations internationales.