Les citoyens de Bouzeguene, en compagnie de leurs nombreux invités venus de Khenchela, de Sétif, de Batna, de Bejaia, de Bouira, d'Alger, de Bordj Bou Arreridj et de plusieurs daïras de Tizi-Ouzou, ont été, samedi dernier, au rendez-vous avec l'histoire à Azaghar, un lieudit relevant de ce chef-lieu de daïra situé à 60 km à l'est de Tizi Ouzou. Cet évènement, une première pour Bouzeguene, a été organisé pour honorer la mémoire des sept maquisards, tombés au champ d'honneur un certain 23 février 1961 à Azaghar au cours d'une opération d'envergure menée par un bataillon de l'armée coloniale française. Ainsi, dès le petit matin, une marée humaine s'est rassemblée devant le monument dédié à la mémoire de ces martyrs. Sur place, un site, aménagé pour la circonstance et orné de drapeaux représentant l'emblème national, est conçu en un immense tombeau où sont ensevelis les ossements des martyrs. Au devant du monument, une cache symbolique, formée de madriers et de terre, rappelle les conditions dans lesquelles se préparaient les opérations commandos des moudjahiddine. Cette cache symbolique «narre» la traque dont fut l'objet le martyr Rachedi Mohand Ou Lounis, dit «Blanc-blanc». Celui-ci était alors à la tête d'un commando qui mena des actions spectaculaires en basse et en haute Kabylie. Instruit et intelligent, Blanc-blanc réussissait à chaque fois de brouiller les pistes menant aux caches abritant le colonel Mohand Oulhadj et ses groupes de l'ALN. Il fut notamment l'organisateur de l'évasion spectaculaire de deux appelés du service militaire de l'armée française, Harbouche Miloud, dit «Bachir Belbel», originaire de Sétif. Celui-ci tombera au champ d'honneur quelques temps après son évasion dans une embuscade. Il a été enterré près d'Ahrik avec un certain «Ferfera». Quelques temps après la mort de ses camarades, Blanc-blanc organisa, tout seul, une attaque en faisant exploser un camion de transport de troupes françaises. Echouant à chaque tentative de tuer ou de capturer l'insaisissable «Blanc-blanc», l'armée française s'en prenait alors à sa famille. Le 23 février 1961, «Blanc blanc» sera repéré dans une cache à Azaghar en compagnie de 10 de ses camarades combattants. Six d'entre eux, à savoir Mohand Ou Lounis Rachedi lui-même, Hammadi Lahcene, Kacet Cherif, Bessaci Mohand, Sadaoui Lakhdar, Boussoualem Tahar, seront tués sur place alors qu'ils tentaient de forcer le barrage militaire de la 27e BCA, commandée par Maurice Innicenti, apprend-on encore. Le septième maquisard, Hammadache Belkacem, gravement blessé, sera achevé au «Camp de la mort» de l'Akfadou. Quatre autres combattants, blessés, seront emprisonnés. Après le recueillement et les témoignages, l'ensemble des citoyens ont été invités au village Aït Semlal pour l'inauguration de la stèle dédiée au chahid Mohand Ou Lounis Rachedi, dit «Blanc blanc», et dont le financement a été assuré par un citoyen du village. Le fils de ce chahid, R. Mebrouk, architecte de l'événement, nous a appris que le CSP de Bouzeguène sera baptisé en février prochain au nom de son père, Mohand Ou Lounis Rachedi dit «Blanc blanc».