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Dalil Boubakeur. Recteur de la Mosquée de Paris
« Il n'y a pas de choc entre l'Occident et l'Islam »
Publié dans El Watan le 25 - 05 - 2006

Figure emblématique des musulmans de France, Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris, a été « la star américaine » lors du séminaire consacré à « La mémoire de Constantine : dialogue des civilisations et des religions », organisé par le Club de réflexion et d'initiative (CRI) à Constantine. Sollicité, il a été très prolixe dans l'interview que nous vous proposons.
Vous venez de participer à un séminaire sur le dialogue des civilisations et des religions. Pensez-vous que le dialogue est toujours possible entre des entités qui sont séparées par un fossé de plus en plus large ?
La cohabitation des cultures et des religions dans le village planétaire de la mondialisation actuelle, avec une technologie qui permet des contacts de plus en plus rapides, est plus que nécessaire. La connaissance de l'autre est primordiale, car cet autre possède des connaissances et des richesses culturelles qu'on doit connaître, tout en gardant sa propre identité, et comme le dit l'Islam, « l'humanité est une », c'est l'humanité, et Dieu unique qui a voulu l'humanité du tawhid, l'unicité du genre humain. Donc, l'Islam dans cette vision a un message de très grande tolérance, une grande convergence pour le dialogue, et le schéma de Hutchinson sur le choc des cultures et des civilisations a quelque chose de violemment faux. Les cultures ne doivent pas s'opposer par la guerre ou la violence, au contraire elle doivent contribuer à l'émergence d'une culture universelle, celle de l'homme total, celle de l'homme de Dieu, unique, voilà le message de l'Islam, et les théories du choc entre l'Occident et l'Islam ne sont colportées que par les extrémistes de tout bord, islamistes ou islamophobes.
Est-ce qu'il y a des tentatives par le biais de la Mosquée de Paris pour essayer d'attirer les jeunes des banlieues vers le vrai Islam et non celui prodigué dans les mosquées dites « sauvages » ?
Il y a des infiltrations et des imams autoproclamés par des mouvements qu'on appelle des salafistes qui peuvent influencer des jeunes en bute au chômage et qui ont des problèmes identitaires et d'intégration. On a vu des jeunes partir en Afghanistan et se retrouver dans des situations tragiques. L'Islam, qui est d'une grande spiritualité, ne doit pas servir d'alibi politique notamment en ce qui concerne la violence ou l'agressivité, ou le rejet. Au contraire, l'Islam rassemble, demande le dialogue, il est contre la violence. « La ikraha fi eddine » (il n'y a pas de contrainte en religion : ndlr) dans l'Islam. Le Prophète (qsssl) lui-même a été un homme de dialogue et de paix entre les différentes communautés qu'il a gagnées par le cœur et non par les armes. C'est l'Islam que nous prônons et que nous proposons à nos jeunes des banlieues qui nous font confiance et qui se retrouvent à la Mosquée de Paris de plus en plus nombreux.
Quel sens donnez-vous à l'affaire des caricatures du Prophète Mohamed ?
Toutes les religions sont caricaturées. En ce moment, on voit le problème du Da Vinci Code (roman tiré à plus de 40 millions d'exemplaires qui prétend que Jésus aurait une descendance que l'Eglise voudrait liquider, et dont un film qui porte le même titre vient d'être projeté à Cannes engendrant un malaise certain parmi la population catholique : ndlr) concernant l'Eglise chrétienne. Hier, c'était les caricatures concernant le Prophète. Nous avons protesté vigoureusement contre ce blasphème. Tous les musulmans ont été choqués. En France, nous avons saisi les tribunaux pour demander justice car il y a un préjudice, et la communauté musulmane s'est sentie blessée, choquée, et ce n'est pas la liberté de la presse qui excuserait, justifierait ou autoriserait de pareilles provocations. Et j'ai dit personnellement : « Qui sème le vent récolte la tempête ».
Etes-vous pour le contrôle des mosquées par l'Etat ou pour leur liberté totale, avec les conséquences fâcheuses qui pourraient en résulter, comme cela a été le cas en Algérie ?
L'Etat doit laisser les musulmans se contrôler eux-mêmes, et c'est l'organisation de l'Islam, en France, qui doit permettre un autocontrôle par les musulmans eux-mêmes. On ne doit pas permettre des discours politiques ou ceux prônant la violence dans les mosquées, ou l'émeute. L'imam doit s'engager à ne pas recourir à des discours de violence.
Depuis des années, on entend parler de « I'Islam de France ». Pourtant, et contrairement aux autres religions monothéistes, il n'y a qu'un seul livre sacré, le Coran. Qu'est-ce que alors cet « Islam de France » qu'on prétend différent des « autres » ?
Il n'y a pas d'Islam de France ni d'Islam de Patagonie. Il y a, et je l'ai dit il y a des années, l'Islam et les musulmans de France. On peut par un raccourci dire Islam des musulmans de France, ou Islam de France. Il n'y a pas cinquante Islam, il y a un Islam, un, indivisible, unique. Il est un dans sa doctrine, il est multiple dans ses expériences. L'expérience des musulmans en France est d'être confrontée à la laïcité : premier défi. L'Occident est moderne, la France est un pays moderne, par la technologie et les avancées de la pensée humaine. Second défi pour les musulmans de France : celui de la modernité. Le troisième défi dans le monde de l'Islam reste celui des idées fondamentalistes drainées par des organisations anciennes qui ont eu leur heure de gloire au moment de Djamel Abdennacer avec les Frères musulmans, en Palestine, avec les partis musulmans, le wahhabisme au XVIIIe siècle, le hanbalisme au IXe siècle, donc il y a une tendance au littéralisme, au radicalisme et au fondamentalisme, ça existe. Donc il s'agit de savoir si les musulmans de France optent pour une vision libérale selon les conseils de la nahda et les conseils des tandimates, ou les visions du hanbalisme, du wahhabisme ou des Frères musulmans. Il y a donc un choix, un défi, et je ne sais pas actuellement quel sera leur choix. Nous sommes en pleine organisation, nous sommes en plein débat sur les positions à prendre. Il y a eu l'affaire du foulard qui a créé des clivages en France, car il y a des tendances divers : les baha'i, les chia', les hanafis, les malkis, les hanbalis, les druzes, toutes sortes de tendances dans l'Islam en France. Est-ce que la balance générale va être dirigée par une tendance, des organisations ? Il y en a beaucoup dans le CFCM, et d'autres dans des fédérations, marocaines, mosquée de Paris, Daawa oua tabligh, donc il y a pour le moment une cohabitation pacifique de ces organisations, et l'histoire nous dira vers quelle tendance, grosso modo, tout ce beau monde se dirigera. Le problème est posé, notamment en ce moment, avec les élections présidentielles en 2007, où certainement le problème de l'Islam, de ses orientations, de la capacité des musulmans à vivre pleinement les institutions démocratiques de la France d'une manière ou d'une autre, je pense, cette question va agiter le débat des élections présidentielles autant que l'a faite l'insécurité en 2002. C'est la croisée des chemins pour les musulmans de France. Pour terminer, je dirai que l'expérience de l'Islam a beaucoup fait réfléchir les musulmans de France, et sa dure période à partir de 1992 et ses flopées de malheur. El hamdoulillah, la situation est bien meilleure en Algérie, et les Algériens se rapprochent de plus en plus d'un Islam républicain et démocratique. Pour ma part, je dirai : plus jamais ça !


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