C'est une sorte d'Eucoco africain que le Congrès des travailleurs nigérians a réuni, hier à Abuja, pour apporter son soutien à la cause sahraouie. Abuja (Nigeria) De notre envoyé spécial Société civile, comités de soutien et associations venus des quatre coins de l'Afrique ont joint leurs voix pour dire «stop» à l'occupation marocaine du Sahara occidental. Des représentants du Bénin, de Namibie, du Togo, d'Afrique du Sud, mais aussi d'Espagne, du Portugal, d'Italie et même d'Argentine ont répondu à l'invitation du puissant syndicat nigérian pour plaider la cause sahraouie sur le continent noir. Et pour sa deuxième édition, cette Conférence africaine de solidarité avec la lutte du peuple sahraoui aura rassemblé du beau monde, hier, au Centre des conventions Yar Adua d'Abuja. Placée sous le thème «Libération du Sahara occidental ; la fin du colonialisme en Afrique», cette conférence a permis aux représentants des différents pays participants de réitérer leur soutien à la cause, mais aussi de réfléchir sur la conduite à tenir pour raccourcir les souffrances du peuple sahraoui. A ce titre, le clou de la première journée aura été sans doute l'engagement du représentant du gouvernement du Nigeria à déposer une requête auprès de la Cour pénale européenne contre l'exploitation des richesses naturelles du Sahara occidental par l'occupant marocain. «Nous allons défier le Maroc, nous sommes plus que jamais décidés à poursuivre nos efforts pour faire aboutir le combat du peuple sahraoui.» Mme Sulma Kaid, vice-présidente du Parlement africain, a dit tout son plaisir d'être là pour apporter le soutien de son institution à la cause sahraouie. De son côté, Ahmed Hamdi, secrétaire exécutif de l'Union africaine, a salué les pays participants et a estimé qu'«il est temps d'en finir avec la colonisation marocaine du Sahara et la répression de son peuple». Le représentant de l'UA, qui a été fortement applaudi, a appelé à la poursuite du combat et de la mobilisation pour permettre aux Sahraouis de recouvrer leur droit à l'autodétermination. Une requête auprès de la Cour européenne Toujours aussi engagé et passionné par la cause sahraouie, le président des comités de soutien espagnols, Carmelio Ramires, a fait se soulever la salle par ses tirades émouvantes en faveur du combat existentiel des Sahraouis. «Le peuple sahraoui n'attendra pas longtemps pour retrouver sa liberté de disposer de lui-même. Apres 40 ans de combat, il dispose désormais de moyens de soutien et des arguments juridiques pour faire plier l'occupant marocain», a-t-il lancé à une salle qui l'a ovationné à tout rompre. Carmelio Ramires a rappelé à l'assistance que la seule solution possible à ce conflit consiste à organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Pour y parvenir, le délégué espagnol a insisté sur la nécessité d'abattre le «mur de la honte», d'aider les réfugiés dans les camps. «Nous devons aussi exercer des pressions sur la France, l'Espagne et les Etats-Unis à travers les syndicats du monde entier», a encore proposé M. Ramires. Dans l'après-midi, les chefs des délégations se sont succédé pour crier haut et fort le droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même. Les représentants des syndicats de Zambie, du Togo et du Bénin se sont donné le mot pour signifier que la chute de l'apartheid en Afrique du Sud devrait servir «d'exemple» au peuple sahraoui. «Comme le système de l'apartheid est tombé en Afrique du Sud, le monde devra s'unir pour libérer le Sahara occidental, dernier pays colonisé en Afrique», s'est écrié le délégué du syndicat namibien, monté à la tribune avec un survêtement aux couleurs de son pays. Il y a lieu de signaler que l'Algérie était représentée par le ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui a fait un discours au nom du président de la République. Il a notamment rappelé les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et les recommandations de l'Union africaine, dont celle de mai dernier invitant le Maroc à se conformer à la légalité internationale et à cesser ses violations des droits de l'homme. Tayeb Louh a, par ailleurs, réitéré le soutien sans réserve de l'Algérie à la cause sahraouie. La conférence se poursuivra aujourd'hui sous forme de panels de discussion. Il y sera question du pillage des ressources du peuple sahraoui et des discriminations à l'embauche dans les territoires occupés. Les participants devront aussi examiner les voies et moyens pour optimiser le soutien de l'Afrique à la cause sahraouie à la lumière des expériences de l'Algérie, du Ghana et du Nigeria.