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Tahiti : la mosquée de la discorde
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Publié dans El Watan le 08 - 11 - 2013

Sur l'île des lagons turquoise et des couronnes de fleurs, un imam venu de Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne, sème la panique en construisant une chambre de prière pour les 500 musulmans de la région. Tempête sur Tahiti.
Quand on dit «Tahiti», on ferme les yeux et on se met à rêver. De cette Polynésie tant vantée par la littérature, le cinéma et la publicité. Cette Polynésie qui abrite une île aussi raffinée que mystique, connue pour ses montagnes volcaniques et son récif de corail. Or, depuis le 14 octobre, un tsunami est venu préoccuper le quotidien et les coutumes des habitants de cette région. Un raz-de-marée nommé Hishan El Barkani. Qui est-il réellement ? D'après le quotidien Tahiti-info, cet étudiant serait arrivé il y a à peine un mois de Seine-Saint-Denis «sur une idée, comme ça». Il voulait «aller à l'autre bout du monde» et s'est finalement retrouvé à Tahiti.
Entre son arrivée et la mi-octobre, le Centre islamique de Tahiti, une association de type loi 1901, est enregistrée. Et en toute logique, l'idée de construire un espace, un lieu de culte se met en place. On fixe une date pour l'inauguration. Ce sera le 15 octobre. Un article est publié dans Tahiti-info dans lequel El Barkani présente son projet. Réaction immédiate des internautes : «Nous avons mis l'article en ligne vers 19h30. Nous avons constaté que le compteur de lecture démarrait très fort, mais c'est au cours de la nuit que les commentaires ont commencé à devenir plus violents. Et ils ne venaient pas de nos commentateurs habituels. Beaucoup venaient de France, si on observe les adresses IP et l'heure tardive. Le lendemain, la fréquence des commentaires est devenue ingérable. Nous ne parvenions plus à les lire tous pour les modérer, nous avons décidé de ne plus les publier et avons publié un article pour expliquer à nos lecteurs qu'il n'y aurait plus de mise en ligne (ce qui ne les a pas empêché de continuer, à ce jour nous ne les comptons plus», explique Nathalie Montelle, journaliste chez Tahiti-info.
Pays à risque
Au milieu de ce soulèvement, une pétition voit le jour. Elle s'intitule : «Non à la mosquée en Polynésie française ! Non aux islamistes au Fenua !», prend forme et se disperse sur les réseaux sociaux. L'une de ses initiatrices se nomme Teaki Dupont Teikivaeoho. Première élue UMP de Polynésie et conseillère régionale de Bretagne où elle réside actuellement, Teaki apprend l'existence du projet d'El Barkani par voie de presse. «J'ai été choquée que l'imam ne connaisse absolument rien à la Polynésie, que seulement un mois après son arrivée, il inaugure la mosquée et convertisse une Polynésienne à l'islam, confie-t-elle à El Watan Week-end. J'ai voulu savoir si ma réaction était partagée par mes concitoyens polynésiens. A 18 000 km, il est possible d'avoir des opinions décalées. Il n'en était rien. Les réactions étaient, en immense majorité, contre les pratiques de cet imam et sa mosquée.»
A cette pétition (qui recense aujourd'hui, vendredi, 333 signatures), s'ajoutent des commentaires sur facebook ou twitter, des mots, des phrases, représentatifs d'une conscience, d'une peur et parfois d'une méconnaissance totale de l'islam. Exemple : «Si la mosquée réussit à ouvrir en Polynésie, nous serons encore plus contrôlés lors de nos transits ou arrêts aux Etats-Unis, car nous serions considérés par ces derniers comme des ressortissants à risque et la Polynésie comme un pays à risque. Voilà une autre conséquence au niveau international», ou bien : «Vous avez pollué la France avec vos religions ! Vous nous obligez à faire ce que vous faites chez vous. Nous n'avons pas de droits. Rien. A part fermer nos gueules, sinon vous tuez des innocents qui n'ont pas voulu porter le voile! Pourquoi vous vous installez pour venir faire de même ! Retirez vos voiles ! Nous n'avons pas envie de ça chez nous. Alors le respect, il est où ? Nous vous demandons de vivre comme nous mais vous ne voulez pas !» Ou encore : «Il ne faut surtout pas accepter. Ce sont des envahisseurs, la Polynésie doit se mobiliser pour refouler tous ces gens de mauvais augure. Vous avez un exemple en Métropole, réagissez fermement et sans aucune concession, sinon c'est fichu aussi pour la Polynésie. Battez-vous mes amis, battez-vous pour protéger la Polynésie !»
Policiers
Trois jours après l'inauguration, après le lancement de la pétition, après les commentaires des réseaux sociaux, l'imam Hishan El Barkani se voit contraint de fermer les portes de son lieu de culte, la prière du vendredi n'ayant pas pu se tenir. Nous sommes le 18 octobre. En matinée, Charles Fong Loi, adjoint au maire de Papeete en charge des affaires d'urbanisme, assisté de quatre policiers municipaux en milieu de journée, s'est rendu au 11, rue Gauguin, adresse du lieu de culte, le courrier de notification dans la main. Aux journalistes présents, il se justifie : «Ce sont des locaux à usage de bureau, qui ont été transformés en lieu de prière. Or, cela veut dire qu'ils reçoivent dorénavant du public et doivent être considérés comme un ERP, un établissement recevant du public. Dans ce sens, le locataire est obligé de déposer à la mairie un dossier de sécurité. Tant que nous n'aurons pas le dépôt d'un dossier complet, ces lieux resteront fermés.»
Très vite, des questions et doutes fusent des lèvres des Polynésiens. Est-ce une décision due à la pression de l'opinion publique ou juste une raison administrative ? Selon Nathalie Montelle, il y a «un vrai problème de sécurité publique. Le local n'est pas adapté à accueillir des réunions publiques pour des raisons de sécurité, mais il est vrai que la mairie a peut-être aussi trouvé là le moyen de faire parler, alors que nous approchons des élections municipales».
Colonisé
Pour Teaki Dupont Teikivaeoho, le sens est autre : «Cette “mosquée“ se trouve dans un immeuble. C'est un simple local de bureau réaménagé en lieu de culte. La population a eu le sentiment d'être trahie. Si cette personne débarquée de banlieue parisienne pouvait tromper son monde en camouflant un lieu de culte et de conversion sous l'appellation “centre culturel musulman“, toutes les peurs sont permises. Je le rappelle : nous sommes un peuple tolérant et ouvert mais qui a été colonisé il y a 140 ans. Si la religion chrétienne est très répandue et fait désormais partie de la culture polynésienne, ce n'est pas du tout le cas de l'islam.» Et l'élue d'ajouter : «La tenue, l'apparence et les pratiques de cet “imam“ ont heurté les Polynésiens. Il est venu en conquérant au lieu de faire preuve d'humilité et de sincérité. Son comportement irrespectueux a soulevé une très forte opposition parce qu'il a rouvert la blessure de la colonisation. Il est parti du principe que la religion musulmane est bonne pour le Polynésien tout en ne connaissant absolument rien à la Polynésie. Les Polynésiens lui ont signifié qu'ils ne sont pas d'accord avec sa vision néocolonialiste. Comme la déclaration d'ouverture était fausse, la “mosquée“ a été fermée.»
Aujourd'hui, Hishan El Barkani ne répond plus au téléphone, attendant certainement l'avis favorable de sa demande, en vue de réorganiser ce lieu de culte, et ce, dans des conditions plus légales. Quant à Teaki Dupont Teikivaeoho, celle-ci souhaiterait le «rencontrer et écouter son point de vue. Je lui dirais que s'il vient avec la paix au coeur, cela se verra et il sera accepté. Mais il lui faut pour cela du temps et beaucoup d'humilité. La banlieue parisienne n'est pas la Polynésie et réciproquement. Il peut avoir, comme beaucoup de gens, le rêve de venir en Polynésie, mais qu'il ne vienne pas en conquérant néocolonial. Nous avons récemment reçu le mondial de Beach soccer qui a été un événement extrêmement chaleureux et fraternel. C'est l'histoire de la Polynésie française, une terre métissée et qui sait faire respecter la paix».


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