Chaque année, la pollution gagne du terrain. Si les willaya de Skikda, Tipasa et Jijel ont vécu au rythme d'une expérience douloureuse en 2003 due à l'échouage des navires « le Nestor, Cougard » ou les potiches de mercure jetées au port d'Alger en 1976, les rejets des eaux usées et industrielles et l'entrepôt des déchets dans la mer défrayent la chronique à Oran. La mer, le grand réceptacle ! Une étude menée par l'agence nationale de l'aménagement du territoire (ANAT), achevée en mois d'avril dernier, démontre que la réalité est alarmante. Elle note que sur les 19 agglomérations urbaines de la wilaya d'Oran, 16 sont dotées d'un réseau d'assainissement et 3 de fosses sceptiques, en l'occurrence Kristel, Bousfer plage et Cap Blanc. Les rejets de ce réseau s'effectuent sans aucun traitement préalable, dans la mer. A travers les 19 agglomérations localisées, 6 rejets s'effectuent dans les Oueds, non loin de la mer et les 13 autres se déversent directement dans la grande bleue. Cependant, on ne signale l'existence d'aucune station d'épuration. Sachant que le volume des rejets des eaux usées ménagères est évalué quotidiennement à 106 920 m3, soit un débit de 1 238 l/s. Quant aux rejets industriels des unités implantées à l'intérieur du tissu urbain, il est de 7 500 litres/j, soit un débit de 87 l/s. Toujours dans le méme sens, le drainage des eaux industrielles et pluviales, rejetées par les complexes de productions vers la mer, s'effectue par un réseau d'assainissement de type unitaire par l'oued Tasmanit et Oued Errahi (Arzew). La charge hydraulique développée par la zone industrielle est estimée actuellement à 6 millions de mètres cubes /an. A raison de récupération de 40%, le volume d'eau recyclable serait de 2,5 millions m3, soit la possibilité d'irriguer une superficie de 428 hectares. La capacité de traitement de la station d'épuration est minime comparée au total des rejets où l'on souligne la récupération de 17 000 m3/j sur 44 000 m3 du volume global. Par ailleurs, le petit lac de Daya Morsli, dont la superficie est de 150 hectares, reçoit quotidiennement prés de 6 000 m3 de rejets très pollués, émanant de la zone industrielle d'Es Sènia. L'agence nationale de l'aménagement du territoire affiche ses inquiétudes quant aux risques de pollution, de contamination et d'atteinte à l'environnement et au cadre de vie, résultat des rejets non traités d'un volume qui avoisine 65 000 m3 d'eaux usées et d'une collette des eaux pluviales en suspens. La problématique liée à la gestion des ordures ménagères est en passe des se transformer en une attaque non dissimulée et dangereuse pour le cadre de vie de la capitale de l'ouest. L'etude entamée dernièrement conclue que les lieux de stockage sont inappropriés. Ces derniers débouchent sur des problèmes de salubrité publique, surtout dans les quartiers denses. A défaut de statistiques officielles, on avance toutefois que les décharges sauvages se créent un peu partout dans la willaya, notamment aux bords de la mer. Non respect des normes de stockage Le groupement intercommunal d'El Kerma est largement dépassé. Ce dernier reçoit annuellement 1 710 tonnes de rebuts, alors que 792 tonnes vont à la décharge de Sidi BenYebka. La saline d'Arzew réunit 200 tonnes émanant de Aïn El Bya et Bethioua. Parmi les principales industries génératrices de déchets industriels spéciaux, figurent, selon l'étude en question, la raffinerie d'Arzew, RTO 28 et CORM GRAS Oran. L'étude effectuée fait état d'une quantité de 69 533 t/an, soit un taux de plus de 21% de la quantité nationale qui est de l'ordre de 325 100 tonnes. La quantité stockée est de 10 617 tonnes, sachant que la quantité nationale s'élève à 2 008 500 t/an. La RTO 28 (Sonatrach) détient le plus gros lot qui est estimé à 9 930 t/an, soit un taux de plus de 90%. A l'heure qu'il est, la gestion et le traitement des déchets font fassent à des problèmes de respect des normes de stockage et d'élimination. En revanche, il est à souligner qu'une quantité évaluée à 10 617 tonnes, soit 36,3%, est entreposée sur le littoral. Aux eaux usées, aux ballastages des navires et autres déversements polluants, s'ajoute l'entreposage des déchets ménagers et industriels spéciaux et générés, en bord de mer, lequel se meurt silencieusement au fil des jours, en plus des retombées sur la santé publique. C'est dans ce contexte que l'Algérie a été, cette année, retenue par l'ONU pour abriter la célébration de la journée mondiale de l'environnement.