Depuis la destitution de M. Morsi, l'Egypte est entrée dans un engrenage de violences. L 'armée égyptienne a destitué, le 3 juillet 2013 au soir, le président Mohamed Morsi et suspendu à titre provisoire la Constitution, reprenant la place qu'elle a longtemps occupée au centre du jeu politique en Egypte. Le premier président démocratiquement élu du pays, investi il y a un an à peine, a été arrêté et conduit dans la nuit au ministère de la Défense. D'autres cadres dirigeants de la confrérie des Frères musulmans ont également été arrêtés. Avant son arrestation, Mohamed Morsi avait appelé ses partisans à résister pacifiquement à ce qu'il considère comme un coup d'Etat militaire. Les Etats-Unis, les Nations unies et d'autres puissances mondiales n'ont pas explicitement qualifié le renversement de Mohamed Morsi de «coup d'Etat militaire», mais ont exprimé leur inquiétude et appelé l'armée égyptienne à restituer aussi vite que possible le pouvoir à un gouvernement civil. L'intervention de l'armée, annoncée après l'expiration de son ultimatum, a été saluée par une partie de la population égyptienne qui avait manifesté deux jours auparavant contre le président islamiste. La destitution de Morsi et la suspension de la Constitution ont été annoncées à la télévision nationale par le général Abdel Fatah Al Sissi, chef de l'état-major, entouré de dirigeants de l'opposition, de communautés religieuses et de représentants des mouvements de jeunesse. Ces mesures d'exception mettent fin à une année d'exercice du pouvoir par les Frères musulmans, marquée par de vives tensions et des explosions sporadiques de violences, et ouvrent une nouvelle période de transition politique, qui doit conduire à des élections présidentielle et parlementaires dans un délai restreint. Un chef d'Etat par intérim, Mansour Adli, président de la Haute Cour constitutionnelle, a prêté serment aussitôt après le coup d'Etat contre Morsi. Depuis sa destitution, l'Egypte est entrée dans un engrenage de violences. Les autorités répriment dans le sang les islamistes, et les plus radicaux d'entre eux mènent des attaques qui ont tué plus d'une centaine de policiers et de soldats. Les autorités accusent régulièrement la confrérie d'aider et de financer les attentats contre les forces de l'ordre, sans toutefois apporter la preuve des liens entre les djihadistes et les Frères musulmans, tenants d'un islam politique plus modéré. L'implacable campagne des autorités dirigées de facto par les militaires a fait plus de 1000 morts et des milliers d'arrestations dans les rangs islamistes. Bannis mais tolérés sous le régime de Hosni Moubarak et véritablement sortis de la clandestinité à son départ en 2011, les Frères musulmans pourraient se radicaliser après avoir été dépossédés d'une présidence acquise via les urnes. En destituant M. Morsi, les militaires ont promis une «transition démocratique», qui doit se clore par des élections législatives et présidentielle à la mi-2014.