Fidèles à la tradition, les familles oranaises s'apprêtent à célébrer Yennayer dont les prémices sont déjà visibles à travers les différents marchés populaires de la capitale dans l'ouest du pays. Les préparatifs du nouvel an amazigh, qui bouclera son 2964e cycle le 12 janvier prochain, se traduisent par un regain de l'activité commerciale des produits fort prisés par les consommateurs en cette période, notamment les arachides et les fruits secs. L'aubaine est d'abord saisie par les marchands de gros en alimentation générale qui s'approvisionnent plusieurs jours à l'avance avant de fournir les étalages des principaux marchés tels ceux de M'dina J'dida, de la rue des Aurès (ex-La Bastille) et d'El-Hamri. Les détaillants accordent, dans ce cadre, une attention particulière à l'emballage et à la présentation des produits. Les uns et les autres rivalisant d'ingéniosité pour attirer la clientèle, certains offrant même en guise de bienvenue une plante ornementale locale comme celle du palmier nain (doum). «Les commerçants savent que pour bien achalander leurs étals, ils doivent se mettre dans l'ambiance en exposant la plus grande variété d'aliments avec la meilleure visibilité possible», observe un père de famille. Le prix a également son importance, ajoute ce fonctionnaire venu, dit-il, en «prospection» dans la rue des Aurès, expliquant que «quand la famille est nombreuse, il faut savoir combiner les achats et ne pas faire dans la démesure de sorte à ne pas grever son budget.» La foule de consommateurs qui s'agglutinent devant les étals à l'approche de Yennayer montre cependant qu'il est difficile de résister à la tentation tant cette tradition est porteuse d'un bonheur intense dans la maisonnée. Dans les foyers, en effet, la célébration crée une ambiance conviviale exceptionnelle autour de la «maïda» (table basse) servie à l'occasion avec un menu typiquement local appelé «cherchem», un repas à base de grains de blé bouillis mélangés aux pois chiches et aux fèves. Ce plat qui est réservé en général pour le dîner s'accompagne de la cérémonie, tant attendue par les enfants, de distribution du «m'khalet», à savoir un mélange de friandises et de fruits secs, à savoir bonbons, chocolat, amandes, pistaches, noix, noisettes, dattes, cacahuètes, halva et autres châtaignes et figues sèches. La tradition veut également que les confiseries offertes soient disposées dans de petites bourses en tissu, petits sacs opaques dont le cordon de fermeture sera desserré avec empressement par les petits sous le regard amusé des parents. La célébration du nouvel an amazigh permet en outre au public d'assister à des activités thématiques organisées, chaque année en cette circonstance, par la Direction de la Culture et l'association locale «Numidya». Des expositions de produits artisanaux, des représentations théâtrales, des récitals poétiques, des concerts de musique et des défilés de vêtements traditionnels sont proposés, dans ce cadre, à travers les différents établissements culturels de la ville. Ces manifestations, qui mettent en relief la richesse du patrimoine ancestral algérien, comprennent aussi des conférences, des sorties vers les sites et monuments historiques et des projections de films. Le tout clôturé par la dégustation d'un couscous préparé à l'ancienne selon une recette spécial «Yennayer». Ces activités constituent également une opportunité pour s'imprégner de l'origine du calendrier amazigh, que les historiens s'accordent à situer vers 950 ans av J.C, date à laquelle, selon une piste de recherche dominante, le roi berbère Chachnaq a vaincu le Pharaon d'Egypte.