La fronde qui secoue ces derniers jours le parti du FFS, qui a subi une vague de démissions, trouve une nouvelle forme d'expression avec une série de sorties sur le terrain et qui inaugure aujourd'hui un meeting populaire prévu à la maison des jeunes de Chemini, à 60 km à l'ouest de la ville de Béjaïa. La rencontre sera animée par l'ex-premier secrétaire fédéral de Béjaïa, le député Khaled Tazaghart, des militants du parti et des anciens de 1963, mais aussi «des élus APC et APW», est-il annoncé, ainsi que «des cadres membres du conseil national». «Nous ferons la lumière sur la situation actuelle du parti et clarifierons notre position», a déclaré à El Watan l'un des militants qui viennent de claquer la porte du FFS. Le programme de sorties qui vient d'être arrêté mènera les frondeurs le 25 janvier dans la commune de Tamridjet, là où a été prévu le conseil fédéral annulé par le premier secrétaire national, Ahmed Betatache, et qui a provoqué la démission de la fédération de Béjaïa. Partie de la démission tonitruante de Khaled Tazaghart, la révolte a pris de l'essor avec les démissions collectives de tout le staff fédéral de Béjaïa et de contingents de militants, dont un groupe d'anciens de 1963. Cette hémorragie interne ne semble pas s'arrêter à ces départs puisque des militants de la wilaya de Bouira viennent de couper les ponts avec leur parti en signifiant leur démission. Le groupe de démissionnaires dont fait partie un membre du conseil national du FFS, Bensalem Mohamed, dit avoir été poussé cet acte par la fin de non-recevoir réservée à leur demande d'audience adressée au «camarade le coordinateur de l'instance présidentielle» ainsi qu'au «camarade le premier secrétaire national». Le groupe s'est proposé d'intervenir pour contribuer à dépasser la situation de crise que traverse le Front. Un comité de sages a été installé à des fins de médiation et pour contenir une crise qu'ils disent «inattendue et même provoquée». «A notre grand malheur, notre démarche était confrontée à un rejet méprisant et minimisant la grandeur et l'importance de notre initiative de la part de la direction nationale de notre parti en nous refusant même une demande d'audience datée du 5 janvier 2014», écrivent, dans leur lettre de démission, les sept démissionnaires de Bouira que sont Bellal Nacer, le P/APC d'Aghbalou, Bouakline Takfarinas, fédéral et premier secrétaire de la section de cette même commune, Kheddouci Nourreddine, premier secrétaire de la section d'El Adjiba, deux ex-élus de l'APC de Chorfa et un autre membre de la fédération de Bouira. «Combien il est dur de quitter un jour le FFS, notre parti dans lequel nous avons appris l'amour de la nation et les valeurs du combat démocratiques», ajoutent-ils, refusant de «cautionner ces agissements et ces exactions de l'appareil qui a pris en otage le parti (…)». Cette nouvelle démission collective est intervenue le 14 janvier, soit deux jours après celle rendue publique par douze anciens militants et maquisards du parti d'Aït Ahmed. Une réaction publique qui a pesé de par la qualité des démissionnaires recrutés parmi des anciens dont certains ont pris les armes en 1963 sous la tutelle du FFS contre le régime de Ben Bella. Comme un effet domino, la grogne aurait atteint la wilaya de Tizi Ouzou. Aux côtés des démissionnaires de Bouira sont annoncés aujourd'hui à Chemini quelques anciens de 1963 issus de la wilaya de Tizi Ouzou, à croire les organisateurs du meeting qui semblent vouloir donner à leur mouvement naissant une dimension régionale. Cette mobilisation s'organise en tout cas face au silence assourdissant du présidium du parti qui ne bronche pas.