Rédha Malek, l'homme politique algérien, moudjahid, porte-parole et membre de la délégation algérienne aux Accords d'Evian, ancien ambassadeur en France, URSS, Etats-Unis et Grande-Bretagne, ancien ministre de l'Information et de la Culture et des Affaires étrangères et ancien chef de gouvernement, vient de publier un essai intitulé L' Empreinte des jours (2004-2012) chez Casbah Editions. Rédha Malek, d'emblée et sans ambages, dans l'avant-propos de son nouvel ouvrage L'Empreinte des jours (2004-2012), essais, à Casbah Editions, rappelle d'une quelque interprétation hâtive ou encore aléatoire : «Ces pages ne constituent pas un discours compact, à caractère systématique, plaidant pour des thèses savamment arrangées. Il s'agit plus simplement de pensées détachées, d'aperçus très brefs, de notes diverses, consignés au jour le jour, à mesure qu'ils affluent sous les effets conjugués de l'événement et de la réflexion qu'ils suscitent.» A vrai dire, un vade-mecum journalier, un journal intime et intimiste, personnel et personnalisé, sans futilité aucune. Au contraire ! Un regard d'un témoin oculaire, à l'écoute de son prochain, de ses semblables, les humains. Qu'ils soient d'Algérie ou d'ailleurs, qu'ils soient leaders ou anonymes, qu'ils soient bêtes politiques (ou politiques bêtes) ou petites gens ou autres citoyens (du monde), qu'ils soient penseurs ou artistes. HUIT ANS DE RéFLEXION Un carnet de bord où Rédha Malek croque l'actualité de son pays, l'Algérie, celle du monde et de surcroît celle de la vie et du «daily basis». Au courant de sa plume, il note, dénote, écrit, décrit et décrie, narre et relate, théorise, détaille s'il le faut, couche des mots, brosse et brasse large, pour donner son point de vue. Sa trajectoire à lui qui nous partage. Ici, un constat et une constatation, là, un aphorisme, une lecture, là-bas, une phrase assassine, une citation, une analyse immanquablement politique, une rencontre, à côté un coup de cœur, un coup de gueule, un coup de griffe, un coup de Jarnac ou encore un coup de grâce. De 2004 à 2012. Huit ans de réflexion. Le 31 juin 2004, à propos du chef du gouvernement irakien, Rédha Malek cite le quotidien Le Monde : «Le moins mauvais. Cet officier des services de Saddam, puis de la CIA et du M16 britannique, on le dit démocrate…un démocrate à l'arabe ou si vous voulez à l'égyptienne ou à l'algérienne.» Le 16 janvier 2005 porte sur l'amnistie : «On en parle. Un référendum doit la légitimer. D'abord, répond-elle vraiment à une nessécité ? Ou est-elle prétexte à un référendum qui viendrait redoubler la ‘‘légitimité démocratique'' du Président (Abdelaziz Bouteflika) réélu le 8 févier 2004 ?» Le 19 juin 2006, il évoque son intervention au colloque portant sur Ibn Khaldoun : «Je suis intervenu le deuxième jour dans le débat sur la notion de ‘assabia'. Celle-ci prime chez Ibn Khaldoun, la daâwa (religieuse). S'appuyer uniquement sur la religion mène à l'échec… » Le 17 août 2006, il souligne une information : «Israël : 7 millions d'habitants, 14 millions de juifs dans le monde. Arabes : 300 millions. Musulmans : 1, 2 milliard.» Le 20 août 2007 sur «la tendance lourde» et gérontologique des mémoires : «Chacun y va de ses ‘révélations', lesquelles se réduisent souvent à des commérages : il m'a dit, je lui ai dit. Occasions de régler des comptes, de venger un ego aigri ou frustré. Le pire de ces mémoires, c'est la tendance de dévaloriser les autres afin de valoriser soi-même.» Une assertion qui n'est pas anachronique. Puisque ce «lynchage» fait l'actualité et les choux gras des médias. Le 5 août 2008, il partage un coup de cœur littéraire : «Michel Houellebeck : (Les particules élémentaires) dépeint avec une rigueur soutenue ce que nous ressentons dans notre contemplation de l'Occident : une société qui semble livrée à la platitude, où la luxure est érigée en idéal…» Ou encore un autre plutôt musical prouvant une grande mélomanie universelle, le 1er juin 2009 : «En écoutant l'Hymne à la joie de Beethoven, la musique et les chœurs me donnent l'impression que la race germanique est collectivement vigoureuse et individuellement vulnérable.» Le 26 mars 2011, Rédha Malek lance une pique au leader historique du FFS, Aït Ahmed : «Ni Etat intégriste ni Etat policier, cela a donné le ‘qui tue qui', façon de créer la confusion et exonérer le terrorisme en montrant du doigt le pouvoir…» L' Empreintes des jours (2004-2012) Rédha Malek Casbah Editions. 485 pages