Dans un pays où l'on passe à tabac les femmes, comme cette jeune épouse de 31 ans de Frenda mutilée au sabre puis brûlée vive par son mari, on pourra toujours invoquer l'engouement pour le Mondial 2006 pour justifier que le rallye international féminin soit pratiquement passé sous silence par les médias, mais tout de même... Après l'équipe nationale de football féminin, c'est au tour du Rallye des Colombes, qui existe, rappelons-le, depuis quatre ans, de faire les frais du machisme ambiant et de cet intégrisme généralisé dont les barbus de l'alliance présidentielle sont fièrement - il n'y a assurément pas de quoi - les porte-parole et hardis défenseurs. En effet, pour cette fois, Bouguerra Soltani n'a pas eu à lever le petit doigt pour imposer une chape de silence sur l'événement féminin, contrairement à ses fameuses envolées fielleuses contre la version arabe de l'émission Star Academy à laquelle participait une jeune fille de Zéralda... Pourtant, pour la première fois, des équipages internationaux ont participé à cette course en plusieurs étapes qui a conduit nos coureuses automobiles et concurrentes françaises, italiennes, espagnoles, belges et marocaines jusqu'aux portes du désert. Malheureusement, il est vrai que l'immensité désertique chère au ministre de l'Environnement M. Rahmani avait les faveurs de l'actualité à Alger où se tient depuis lundi la conférence internationale sur la lutte contre la désertification, pour saluer l'arrivée de ces belles colombes « mécaniques » arrivées dans un nuage de fumée et de vapeur d'essence à Sidi Fredj les mains pleines de cambouis, le cœur chargé d'émotion et les yeux débordant de larmes. On ne saura sans doute pas si la petite cérémonie organisée à la fin de la course des participantes à Zéralda aura servi à compenser les frustrations des filles devant cette indifférence généralisée, comme s'il s'agissait là d'un non-événement. Il faut savoir que les trois premières places ont été arrachées par trois équipages de conductrices algériennes et que le premier équipage étranger est français. Pas la peine de chercher des images de la course au JT de 20 heures ou dans les magazines de sport des « trois chaînes » nationales, il n'y en a pas ! Qu'à cela ne tienne, chapeau bas aux Sabrina, Nabila, Anissa, Feriel, Salima et autres Laetitia et Françoise.