Notre article du 12 février courant («Le cri de détresse des chefs d'entreprise») a poussé d'autres entrepreneurs à se présenter à notre bureau pour exposer à leur tour les difficultés rencontrées dans leur travail. Quand le bâtiment va, tout va», dit l'adage. C'est dire par là que la prospérité d'une région donnée dépend de la bonne santé de son secteur de la construction où l'offre de l'emploi ne tarit jamais, pour peu que tous les segments administratifs jouent le jeu sans anicroches. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, parmi des centaines de chefs d'entreprises, qui ont tout investi pour monter leurs entités, figurent ceux qui n'attendent que le temps d'assainir leurs situations (apurer dettes et créances) pour changer de cieux, voire d'activité. C'est du moins la volonté qu'a en tête un groupe de plusieurs entrepreneurs, qui a rendu visite, dimanche dernier, au bureau d'El Watan à Tizi Ouzou, après avoir, avouent-ils, épuisé toutes les démarches auprès des autorités de wilaya, quant au non paiement de leurs situations respectives de la part du Trésor public pour des réalisations accomplies et se chiffrant en milliards de centimes (lire El Watan du 12 février courant). «Je n'ai perçu aucun centime pour des situations déposées depuis décembre dernier au Trésor public à Tizi Ouzou, alors que j'ai des salaires à virer pour mes dizaines d'ouvriers, des impôts mensuels (IRG) et autres assurances (Cnas, Cacobatph), en plus de mes redevances de dettes importantes envers des fournisseurs», nous dira un de ces entrepreneurs, victimes du non paiement de ses situations depuis des mois. L'état dans lequel se trouve un de ses collègues dans l'entreprenariat est pire, puisque, nous dit-il, c'est depuis juillet 2013 qu'il n'a pas été payé pour ses situations dûment déposées au Trésor. «C'est pourquoi, je n'attends que le temps d'apurer mes dettes pour changer de métier. J'ai beau résisté, mais jusqu'à quand ?», ajoute notre interlocuteur, désarçonné. «Il m'est arrivé d'être acculé dans une détresse telle que, pour m'éviter de sombrer, ce sont mes ouvriers, notamment des maçons, qui me sont venus en secours par des emprunts tirés de leurs modestes économies, afin de faire face aux urgentes redevances que me réclamaient les assurances, en plus des pénalités de la part de maîtres d'ouvrages, pendant que mon dû, se chiffrant en milliards, est en souffrance au Trésor de Tizi Ouzou». D'énormes retards générés par ces multiples problèmes bureaucratiques venant du CF (Contrôle financier) et de simples agents d'exécution au sein du Trésor, pénalisent non seulement des milliers de familles, mais aussi d'élèves de l'éducation nationale qui attendent l'achèvement des nouveaux établissements scolaires. Des pratiques qui grèvent en plus toute l'économie de la région. Un autre entrepreneur, qui emploie plus d'une centaine d'ouvriers (maçons y compris), indique qu'il a été contraint de payer une pénalité de 20 millions de centimes pour le cas d'un ouvrier, recruté la veille seulement, et non encore déclaré à l'assurance. Or, pour ce faire, la loi accorde jusqu'à 10 jours de délai. Nos interlocuteurs ont soulevé l'exigence, «superflue», des assureurs d'inclure un extrait de naissance n° 12 pour tout dossier de recrutement, urgence ou pas. «Pendant ce temps, nous comptons des cas de rejets, jusqu'à 7 fois, de dossiers de situations au niveau du Trésor public. Nous nous demandons pourquoi toutes ces pratiques qui font perdre sa crédibilité à l'entrepreneur aussi bien auprès de ses fournisseurs, qu'auprès de ses ouvriers et même de ses enfants. Nous interpellons instamment les responsables de la wilaya à entreprendre des enquêtes pour déterminer les responsabilités dans ces blocages. Comment peut-on expliquer le fait que 3 dossiers de situation sur 12 déposées le même jour, sont réglées rapidement, alors que les 9 autres n'ont été ni rejetées, ni acceptées ?», clament nos interlocuteurs qui tiennent en revanche «à saluer et rendre hommage aux services de la CNL (Caisse nationale du logement), qui ne dépassent jamais 7 à 8 jours pour régler tout dossier de situation déposé». Nos interlocuteurs préviennent par ailleurs qu'ils sont d'ores et déjà des centaines à penser tenir, avec leurs ouvriers, des sit-in devant le siège de la wilaya de Tizi Ouzou et celui de la Trésorerie publique.