-L'Office national de l'assainissement (ONA) a engagé un important projet de lutte contre la remontée des eaux dans les deux wilayas d'El Oued et Ouargla. Pouvez-vous nous en parler davantage ? En effet, l'étude pour endiguer la remontée des eaux à El Oued et Ouargla, initiée en 2000, a permis de lancer de façon intégrée les travaux non seulement pour juguler la remontée des eaux par la mise en place d'un système de drainage, mais aussi pour doter les régions concernées d'importantes infrastructures hydrauliques fiables et efficaces, constituées de réseaux d'assainissement, de stations d'épuration et d'ouvrages de transfert. Ainsi la mise en place des systèmes nous garantit parallèlement : - l'éradication des infiltrations des eaux usées dans le sol, à l'origine des foyers de maladies à transmission hydrique, par la collecte et le transfert dans des conduits étanches répondant aux normes techniques en vigueur ; - la protection de la nappe : aujourd'hui on enregistre 0 rejet d'eaux usées dans le milieu naturel grâce à l'élimination radicale des fosses perdues et leur remplacement par un système homologué à El Oued et la réhabilitation, l'étanchement et l'extension du réseau à Ouargla ; - la création et l'aménagement du rejet final à Sebkhet Sefioune pour Ouargla et chott Halloufa pour El Oued constituent désormais l'exutoire des eaux consommées (traitées) et des eaux drainées en défiant la topographie des reliefs très plane et le manque d'exutoire qui caractérisent les deux vallées. -Quatre années après la mise en service du projet, peut-on dire aujourd'hui que le problème de la remontée des eaux a été définitivement réglé ? Depuis la mise en service du projet de Oued Souf, le volume d'eau excédentaire extrait de la nappe phréatique par les 51 forages du drainage vertical est de 15 millions de mètres cubes. A cela, il faut ajouter le volume d'eaux épurées par les quatre stations d'épuration, qui est de 28 millions de mètres cubes. Nous avons donc transféré, depuis la mise en marche du système, vers le rejet final de chott Halloufa, situé à 47 km au nord de la ville d'El Oued, une importante quantité (41 millions de mètres cubes) d'eaux épurées et drainées. Il y a lieu de préciser que l'exutoire naturel de chott Halloufa, qui s'étend sur 15 km et situé en amont du chott Melghir, classé zone humide Ramsès, est devenu un écosystème aquatique depuis qu'il est alimenté par les eaux épurées et drainées, en provenance des 12 communes, ciblées par le projet. Il abrite une multitude d'espèces faunistiques et floristiques, tels que les flamants roses et les roseaux phragmites. Dans ce sillage, il est important de noter que les eaux de rejet déjà épurées et diluées dans les eaux de drainage subissent un traitement tertiaire naturel par le mode de filtration grâce à la prolifération de ces roseaux dont les racines ont un pouvoir épuratoire très important se matérialisant par l'absorption de la charge organique résiduelle. Le taux de couverture en réseaux d'assainissement, qui était d'à peine 10% à El Oued avant le lancement du projet, est passé à 100% pour les 18 communes concernées, dont 12 en assainissement collectif et 6 en assainissement autonome amélioré. Le taux de branchement des habitations individuelles aux réseaux d'assainissement pour les 12 communes est de 100%. Pour ce qui est de la wilaya de Ouargla, le volume d'eaux drainées envoyé sur le rejet final de Sebkhet Sefioune, situé à 40 km au nord de la ville de Ouargla, est de 40 millions de mètres cubes depuis quatre ans de mise en service ; quant au volume d'eaux épurées, il est de 54 millions de mètres cubes. -Comment ces deux ensembles cohérents de projets et infrastructures sont-ils gérés en aval ? L'envergure de ces réalisations commande à l'évidence une nouvelle vision et de nouveaux éclairages sur l'organisation de ces méga projets, ce qui a incité l'ONA à ériger les projets en complexes, dotés de deux directions distinctes. Il s'agit du Complexe d'assainissement et de drainage d'El Oued (CADE) et du Complexe d'assainissement et de drainage de Ouargla (CADO). Ces deux complexes sont opérationnels depuis 2010. Leur organisation se décline en un siège et des centres englobant un système d'assainissement (réseau-station de pompage et STEP) et un système de drainage (drain-station de pompage-transfert-exutoire). Ces directions de l'assainissement, qui disposent d'une autonomie financière, sont dotées de tous les moyens humains et matériels spécifiques nécessaires pour une gestion et une exploitation optimales de cet important investissement. Aussi, il est important de signaler que ces complexes sont gérés par un personnel technique local, qui a acquis toutes les compétences et aptitudes nécessaires au contact des éléments des entreprises de réalisation du projet, et a en outre bénéficié de formations appropriées pour prendre en charge l'exploitation de ces deux projets après l'achèvement de la mission contractuelle de la phase d'exploitation à la charge des entreprises cocontractantes. -Quelles sont les conséquences de la réalisation de ces projets sur le plan local ? A la faveur de la réalisation de ces projets, nous avons enregistré des impacts socioéconomiques très importants qui se sont matérialisés par le rabattement du niveau de la nappe phréatique, la régénération de la palmeraie, l'acquisition par les fellahs des terrains agricoles à proximité des conduites de transfert pour bénéficier gracieusement de l'eau épurée.De même, ces deux projets ont permis la création de 1000 emplois directs pour les deux directions et font actuellement l'objet d'un grand intérêt de la part de la communauté scientifique d'El Oued et de Ouargla, notamment l'université de Ouargla qui envoie régulièrement des étudiants pour la préparation de leur thèse de fin d'études en traitement et épuration des eaux ainsi que dans la réutilisation des eaux traitées à des fins agricoles. La STEP de Ouargla est actuellement utilisée pour des projets de coopération, tels les projets Wawaria (Algérie-Pays-Bas) et UDES. Il faut préciser que les deux exutoires (Sebkhet Sefioune et chott Halloufa) font actuellement l'objet d'études prospectives d'aménagement pour en faire des lieux de détente et de villégiature. Nous pouvons affirmer maintenant, avec certitude, que le phénomène de la remontée des eaux dans les deux vallées du Souf et de Ouargla est définitivement réglé et que le ministère des Ressources en eau a gagné le pari.