Ce sont des habitants très éprouvés qui sont venus à la rencontre d'El Watan afin de parler de leurs craintes quant à l'avenir des villas et des cabanons qui leur servent parfois d'habitation au niveau de la coquette plage de «Sidi Mejdoub». Regroupés au sein d'une association, ils se sont donné le mot pour ne jamais laisser détruire ce qui constitue pour eux un patrimoine urbanistique et culturel d'une grande valeur symbolique. Alertés par les membres de l'association du «Renouveau», ces propriétaires d'habitations ne décolèrent pas face aux projets qui leur sont opposés par l'administration locale. Déjà en 20012, des associations ayant pignon sur rue, très actives et regroupant une expertise avérée, ont fait savoir leur opposition à tout projet de démolition de l'ancien bâti. Cette mobilisation en faveur de la préservation du site de Sidi Mejdoub semble avoir dissuadé les responsables de l'époque. Mais depuis quelques mois, les habitants, soutenus par une vingtaine d'associations culturelles et sportives, ont entamé un véritable forcing auprès du nouveau wali afin de le convaincre du bien-fondé de leur démarche. Dans une lettre du 4 février dernier, ils disent leur opposition à toute expropriation sous quelque forme que ce soit. Les visites inopinées de plusieurs membres de l'exécutif n'ont fait qu'exacerber leur peur. La vue d'un entrepreneur étranger prenant des photos de l'emblématique site n'est pas passée inaperçue, d'autant que certains considèrent cette visite comme le signe annonciateur d'une action qui serait lourde de conséquences, comme le soulignera un membre actif de l'association «Sidi Mejdoub» dont l'agrément remonte à septembre dernier, qui se trouve à la pointe du combat pour sauver ce patrimoine dont chacun reconnaît la vétusté et l'état de délabrement parfois avancé. Face à toute cette effervescence de la population, on a de la peine à entendre le son de cloche des élus, notamment ceux de l'APC de Mostaganem qui se sont retranchés derrière un silence mortifère, selon la bonne formule d'un membre actif du Renouveau. Sur la toile, nombreux sont les citoyens qui alimentent cette peur du lendemain en exhibant les photos de pans entiers de la vieille ville réduite à l'état de ruine par les dernières démolitions entreprises dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. Pour les Mostaganémois, le scénario qui semble se dessiner n'est pas fait pour réconcilier les parties en présence. Nos interlocuteurs, jeunes pour la plupart, craignent que, derrière les bureaux feutrés de l'administration, ne se joue une partie à laquelle ils veulent absolument être associés. Pour les familles de Mostaganem, le site de Sidi Mejdoub n'est pas seulement un parce immobilier d'une soixantaine de villas et de bungalows, c'est une partie de la mémoire de la ville, de son histoire, de son passé qui serait en péril. Là, il ne s'agit ni de Salamandre ni de la Crique, héritées de la période coloniale, mais d'un patrimoine urbain, touristique et balnéaire qui a toujours été considéré comme un prolongement naturel de la cité arabe, celle de Tigditt la battante et la combattante, de Tigditt la rebelle et la fière. En effet, pour tous les signataires de l'appel à la préservation du site et surtout au maintien de ses propriétaire séculaires, il ne s'agit pas d'une simple affaire de déplacement et de compensation, c'est un terroir qu'ils veulent préserver comme un joyau et tous se disent prêts à participer à sa réfection, mais sans que cela débouche sur la moindre expropriation.