Le conseil du barreau d'Alger s'est réuni hier, après plus d'une semaine de boycott des audiences du tribunal criminel, pour exiger la communication des noms des magistrats désignés pour siéger au pénal. Ce boycott s'est traduit, faut-il le préciser, par le renvoi de toutes les affaires à une date ultérieure. La présidente de la cour d'Alger a expliqué sa décision par le fait qu'aucun texte de loi ne l'oblige à diffuser les noms des magistrats désignés pour juger les affaires criminelles. Pourtant, de leur côté, les avocats ont avancé d'autres arguments pour justifier leur revendication, notant que la communication des noms des juges permet à la défense de s'assurer qu'il n'y a pas de suspicion légitime. D'autres sont même allés jusqu'à déclarer que la publication des noms permet de neutraliser toute tentation de régler le procès en dehors du droit. Des propos qui ont été jugés « très graves » et « portant atteinte » à l'intégrité des magistrats, lesquels ont vite réagi en organisant une assemblée générale sous la « casquette » du syndicat. Lors de cette rencontre, les juges ont dénoncé les propos des avocats, estimant qu'ils « obéissent à des desseins malveillants et à des règlements de comptes avec la présidente de la cour ». Les magistrats ont décidé à l'issue de leur assemblée de saisir par écrit les plus hautes autorités et de transmettre au conseil de l'ordre une lettre de protestation. Le climat est resté tendu entre avocats et magistrats, malgré la reprise des plaidoiries par les avocats après la publication des noms des magistrats désignés au tribunal criminel samedi dernier sur instruction de la chancellerie. La réunion entre les avocats et les deux chefs de cour, dont la date a été fixée pour hier par le procureur général, était compromise jusqu'à hier tant les robes noires n'étaient pas d'accord sur l'opportunité d'une telle rencontre en ces moments de crise. Néanmoins, les membres du conseil de l'ordre ont décidé lors de leur réunion interdite brutalement aux journalistes de reprendre le dialogue en prenant part à ce rendez-vous afin d'exposer tous les problèmes auxquels la corporation est confrontée quotidiennement. Mais cette rencontre n'a pas eu lieu du fait de l'absence du procureur général Kadour Benadja. Ce dernier a chargé un de ses adjoints pour le représenter à la réunion à laquelle a pris part la présidente de la cour, Mme Ania Benyoucef. Les avocats ont décidé de se retirer et attendre jusqu'à ce que le procureur général soit présent dans la mesure où d'abord c'est lui qui a décidé de la date du 20 juin pour la rencontre, mais aussi il s'agit d'exposer des problèmes qui relèvent de sa compétence. Les avocats ont réitéré leur « volonté » de laisser le dialogue « ouvert » entre les deux parties tout en espérant que « le contact avec les deux chefs de cour soit rétabli le plus rapidement possible pour en finir avec la crise ». Pour mieux s'expliquer, le bâtonnier maître Sellini animera demain après-midi une conférence de presse.