Force est de constater que la question du code de la famille, source d'inégalité, continue à être reléguée au second planen raison du conservatisme rampant qui mine la société. Les candidats à la présidentielle ne font que refléter le conservatisme qui règne au sein de notre société. Les questions relatives à l'égalité entre hommes et femmes sont quasiment absentes du débat de la campagne électorale. Exception faite de Louisa Hanoune, qui fait de ce sujet son cheval de bataille, les cinq autres candidats – même si certains y consacrent quelques chapitres – n'ont pas donné la place qu'il faut à ce thème qui reflète le projet de société proposé aux électeurs. Ainsi, Abdelaziz Belaïd affirme que la femme «jouit des mêmes statut et importance que l'homme, sans discrimination aucune». De ce fait, «au besoin», il propose «d'adapter et de développer la législation, d'intensifier le travail afin que la femme occupe la place qui est sienne dans les institutions de la République et se positionne dans les sphères de prise de décision, de lui confier la responsabilité suivant les considérations de compétence et de qualification exigées par le poste ou la fonction sans tenir compte du sexe et de lui assurer la protection contre toute forme d'injustice, d'abus et de violence à l'intérieur ou à l'extérieur de la famille». Cependant, Abdelaziz Belaïd ne précise pas les mesures qu'il compte mettre en place pour concrétiser son programme sur le terrain. Ali Fawzi Rebaïne préfère diluer les questions dans le chapitre consacré à la famille et aux problèmes sociaux, promettant toutefois des solutions pour éviter toute discrimination. Le président-candidat Abdelaziz Bouteflika s'engage à mobiliser un surcroît d'efforts et de moyens pour consolider les acquis de la femme et la réalisation de nouvelles avancées dans la protection de ses droits et sa pleine participation à la vie politique, économique et sociale. Il prévoit une nouvelle stratégie de promotion et d'insertion de la femme, notamment dans la sphère économique, et le renforcement de la législation en matière de lutte contre les violences à son égard. Le programme de Louisa Hanoune est le plus engagé en la matière ; il prévoit carrément l'abolition du code de la famille, source de toutes les inégalités et qualifié par la candidate «d'obscurantiste, de discriminatoire et contraire à l'article 29 de la Constitution qui considère les citoyens égaux devant la loi». Elle propose de lui substituer une loi civile garantissant l'égalité entre la femme et l'homme devant la loi en matière de statut personnel. Comme Ali Fawzi Rebaïne, Moussa Touati aborde la question des droits des femmes sous l'angle de la famille. En quelques phrases, il résume toute la problématique de la prise en charge de la famille, la femme au foyer et l'encouragement de la femme travailleuse, ainsi que la généralisation des écoles coraniques, des crèches et du préscolaire. Par contre, le programme politique, du candidat Ali Benflis fait état d'une stratégie en faveur de la promotion du rôle de la femme dans le développement national, mais en ce qui concerne le code de la famille, il préfère engager une réflexion. Il promet de mettre en place un dispositif légal et institutionnel de protection de la femme contre toute forme de violence, de sensibiliser, prévenir, dissuader et sanctionner des pratiques devenues courantes dans notre société comme les diverses formes de harcèlement et la violence conjugale ou domestique, tout en assurant une meilleure protection, un accompagnement et une prise en charge adéquate des victimes de ces violences. Il propose aussi de consacrer l'égalité des chances et l'égalité de genre dans les assemblées élues et les hautes fonctions à travers la promotion par les compétences et de réduire les discriminations à l'égard des femmes, de leur garantir une meilleure intégration socioéconomique, notamment par l'accès aux sources de financement et à l'investissement sous toutes ses formes, du microcrédit aux investissements économiques importants, de créer les conditions pour promouvoir et soutenir les métiers et activités économiques féminines, en particulier dans le secteur informel et en milieu rural, et leur assurer, dans ce cadre, une meilleure protection sociale et un accompagnement efficient en situation de détresse. Il envisage de favoriser l'intégration des associations de la société civile œuvrant dans les domaines de la promotion et de la protection de la femme, de la mère et de l'enfant à l'action publique. Force est de constater que la question du code de la famille, source d'inégalité, continue à être reléguée au second plan en raison du conservatisme rampant qui mine la société. Excepté Louisa Hanoune qui veut abolir ce texte inégalitaire, les autres candidats restent encore attachés à cette logique qui veut maintenir l'inégalité en droit à la citoyenneté. En fait, ils ne font que refléter le conservatisme qui règne au sein de notre société.