Famille, proches, amis et camarades ont tenu à rendre un ultime hommage à la moudjahida Lucette Safia Larribère Hadj Ali, vendredi à la Seyne-sur-Mer, près de Toulon. Ils ont rappelé son parcours exceptionnel de militante engagée pour l'indépendance de l'Algérie. Une cérémonie élégante et sobre a réuni, pour un dernier hommage, la famille, les proches et les nombreux amis et camarades, venus de partout, de la moudjahida Lucette Safia Larribère Hadj Ali, vendredi à la Seyne-sur-Mer, près de Toulon. C'est aussi en présence du consul d'Algérie à Nice, des représentants de l'Organisation des moudjahidine que, sans grandiloquence, ses amis ont rappelé son parcours et ont avoué la difficulté et le «désarroi» de devoir résumer la vie de celle qui a été au «cœur de toutes les luttes» et a marqué par sa «discrétion, sa modestie et son courage» des générations de militantes et militants. Il s'agissait de résumer, en fait, près d'un siècle de notre histoire tumultueuse, intense, vibrante. Avec «l'espérance d'un monde meilleur», comme l'a rappelé le moudjahid William Sportisse, son camarade au Parti communiste algérien et au Parti de l'avant-garde socialiste. Il a témoigné de l'engagement de Lucette Hadj Ali nourrie, comme lui, de la conviction que les peuples ont «la capacité de tracer leur chemin vers une société sans oppression». De son engagement à la direction de l'Union des femmes d'Algérie avant le début de la lutte de Libération nationale. C'est forte de cette expérience que Lucette Larribère Hadj Ali a continué le combat pour le progrès social et les droits des femmes après l'indépendance. Zazi Sadou a souligné son rôle efficace dans les manifestations du Rassemblement algérien des femmes démocrates (RAFD) et notamment celle, fondatrice, devant la présidence de la République à El Mouradia en octobre 1993. Elle a rappelé son refus farouche d'être «dans la lumière». C'est ainsi que le 8 mars 2003, craignant ses foudres «les militantes du RAFD, a dit Zazi Sadou, avaient décidé dans le plus grand secret de lui attribuer le prix de la résistance à l'intégrisme». Forcée par les menaces du terrorisme de s'éloigner du pays, l'exil momentané ne lui fera pas renoncer à ses idéaux. «A Marseille, elle crée le RAFD et un bulletin» pour rendre compte des luttes des associations des femmes et des souffrances de notre société meurtrie. Dès son retour à Oran, en 1997, a dit Malika Remaoun, Lucette Hadj Ali a pris naturellement sa place à l'Afepec. Evoquant la relation exceptionnelle que Lucette Hadj Ali avait nouée avec les jeunes militantes et militants de l'association, Malika Remaoun a souligné «la source d'inspiration» qu'elle a été pour toutes celles et tous ceux qui l'ont connue en les aidant «à aller de l'avant». «Oran, qu'elle a aimée et qui l'a tant aimée, pleure aujourd'hui», a conclu Malika Remaoun. Comment ne pas aimer Lucette Hadj Ali, la «curieuse de tout», celle qui «avait des indignations et des rires de jeune fille», a dit Claudie Mediene, son amie et compagne de lutte à Marseille. Avec humour et justesse, Claudie Mediene a décrit Lucette Hadj Ali l'amie intime et la militante. Le témoignage de Claudie Mediene, lu par Françoise Manaranche, la belle-fille de Lucette Hadj Ali, a traduit «la délicatesse et la pudeur» qui caractérisaient la défunte. «Lucette, a-t-elle dit, ne gardait avec elle que l'essentiel, sans doute parce qu'elle a longtemps vécu dans la clandestinité et cette forme d'ascétisme était une leçon.» «Un mélange de force et de douceur, de rigueur et d'ouverture, la roche et la mer», a résumé Claudie Mediene. C'est sur ces paroles tendres et sereines, la voix de Jean Ferrat et les youyous qu'est partie Lucette Hadj Ali, couverte de roses rouges déposées par les présents et la gerbe de fleurs, hommage de l'ambassadeur d'Algérie à Paris.