Je n'ai pas la prétention d'être chanteur, je veux juste réagir sur tout ce qui se passe. » Cette phrase à elle seule peut résumer la vocation de Karim Ouali, 38 ans et beaucoup de projets en perspective. A commencer par un premier album qu'il sortira dès qu'il le pourra, ou dès que ses moyens le lui permettront. 6 titres sont déjà prêts, il ne reste plus qu'à enregistrer en studio et faire le mixage du son. Karim est optimiste et défaitiste à la fois, si cela prend du temps c'est que « c'est mektoub », c'est que « c'est pas encore le bon moment ». En attendant, il continue à travailler les textes qu'il écrit lui-même et les compositions dont la plus grande partie est accomplie par le violoniste Kheireddine Mouadene. Son style ? Eclectique ! Mais principalement du rap et du raï. Le rap parce qu'il permet de mettre l'accent sur les paroles engagées. Le raï parce qu'il l'aime et qu'il souhaite lui donner une autre dimension, plus de poids, notamment avec des paroles plus élaborées. Parmi ses titres : Un psy pour Le Pen, Manipulation, Khaloui qui s'attarde sur le concept de la mondialisation et celui de la colonisation, et Sarcophage en version gnawi slam et une autre en rap raï pour évoquer Sarkozy. Karim aime la musique, mais ce qui le botte le plus, c'est d'écrire, en arabe ou en français. Pour lui, la chanson est un espace d'expression, un support et il souhaite vivement échapper à la censure. C'est qu'il n'y va pas toujours de main morte dans ses chansons ! Mais il a l'avantage de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ! Dans la vie courante, Karim Ouali habite à Tamanrasset et travaille à Radio Ahaggar. « La radio m'enrichit beaucoup, elle me permet de créer des ponts avec les auditeurs », nous confie-t-il. Pour lui, Tam est un lieu d'inspiration, sa case de départ aussi : « Mon père s'y est installé au début des années 1970. Au fil des ans, je m'y suis plus. J'ai fait quelques escapades, à Oran et en France entre autres, mais je retourne toujours à Tamanrasset », là où le temps et les distances ont une toute autre dimension. La musique qu'il écoute, selon ses états d'âme, est tout aussi éclectique que celle qu'il veut faire : raï, gnawi, chaâbi, targui, africaine en général, mais aussi, le jazz fusion, les chansons françaises… Et c'est son amour pour cet art qui l'a amené, il y a quelques années, à monter une boîte d'édition. « On avait essayé de reprendre le patrimoine targui pour qu'il ne se perde pas », nous explique Karim. Et d'ajouter que cette entreprise est tombée à l'eau, principalement à cause du piratage. De guerre lasse, il abandonne l'édition mais s'accroche à la chanson. D'ailleurs, avant même que son premier album ne soit bouclé, il travaille aussi sur le second qui sera totalement raï. « Un raï nouveau par rapport aux textes et aux idées. Je le fais parce que j'estime que le raï mérite mieux que ce qu'il a aujourd'hui », nous livre l'artiste à qui on souhaite beaucoup de succès et une longue carrière dans la chanson.