Les augmentations des salaires, annoncées par la bipartite, ne suscitent pas l'engouement chez les enseignants grévistes de l'enseignement supérieur. Bien que la corporation soit classée en haut de l'échelle, soit une hausse de près de 5 500 DA, les grévistes préfèrent employer le terme « replâtrage » pour commenter la mesure annoncée officiellement lundi lors de la rencontre gouvernement-UGTA. Pour M. Djaâdoun, coordinateur de la section CNES de l'université des sciences et de la technologie de Bab Ezzouar (un des bastions du mouvement de grève enclenché le 11 mai 2006), « les revenus de l'enseignant du supérieur demeurent toujours en deçà de l'acceptable ». Et d'indiquer que « l'enseignant algérien est le moins payé au niveau du Maghreb ». « Ne parlons pas des Marocains et des Tunisiens, je veux juste citer les Mauritaniens qui débutent leur carrière avec un salaire de 600 euros, soit l'équivalent de 60 000 DA », ajoute-t-il. A l'instar des universités de Blida, d'Oran, de Constantine et, entre autres, Jijel, l'USTHB bouclera bientôt son deuxième mois de grève. En rupture avec la direction nationale du CNES, dont le staff dirigeant est accusé de « composer (avec le pouvoir) sur le dos de l'enseignant », les établissements « grévistes » gèrent le mouvement par le biais d'une « coordination nationale provisoire ». Mohamed Mekkaoui, chargé de la section CNES (gréviste) de l'USTO Oran, est l'un de ses animateurs. Interrogé au sujet des augmentations de salaires, il dira : « C'est tant mieux pour le peuple algérien. Sinon, les doléances émises par la communauté universitaire restent toujours posées. Nous sommes un corps spécifique qui implique des mesures spécifiques. Notre mouvement continuera tant que nos revendications ne seront pas prises en considération », martèle-t-il. S'inscrivant dans la même logique, Fatiha Briki, animatrice du CNES (gréviste) de l'université de Blida tient, par ailleurs, à souligner d'autres « urgences ». « Avant de parler des salaires, il faudra d'abord lever les poursuites judiciaires qui pèsent sur nos camarades syndicalistes », dit-elle en allusion à Farid Cherbal et Mustapha Mechab, respectivement coordinateurs du Centre et de l'Ouest. Ces derniers, outre le fait d'être « exclus » des instances dirigeantes du CNES, sont poursuivis par la justice pour « appel à une grève illégale ». Par ailleurs, la direction nationale du CNES, qui considère la grève comme « illégale », dit saluer l'augmentation des salaires. « Nous considérons cette augmentation comme une mesure d'urgence. Nous la saluons. Reste qu'elle ne répond pas aux attentes des enseignants », nous a indiqué Ali Boukaroura, coordinateur national du CNES. Le responsable du syndicat exprimera toutefois sa confiance en le ministre de l'Enseignement supérieur. « Nos rencontres avec le ministre ont fait avancer les choses. Pour preuve, le statut particulier sera discuté le 9 de ce mois en conseil du gouvernement », a-t-il ajouté. Pour ce qui est des établissements grévistes, Ali Boukaroura réitère ses positions : « Nous appelons nos collègues (grévistes) à surseoir à la grève. Le CNES leur ouvre la porte pour un débat franc et responsable et profite de cette occasion pour annoncer la tenue d'une université d'été vers la fin août. »