Rencontré à Paris lors de l'exposition «Air France, France is in the air»,Patrick Alexandre, directeur général commercial d'Air France, s'est exprimé en exclusivité à El Watan sur les grandes questions du transport aérien et particulièrement sur les projets prioritaires de la compagnie. -Air France se veut une compagnie globale face à des concurrents de plus en plus agressifs, notamment ceux du Golfe.Comment analysez-vous cette bataille ? On est une compagnie globale et on répond à une offre globale. Nous sommes Air France-KLM avec 250 destinations et deux choix de hubs (KLM Amsterdam et Paris), mais nous sommes également présents à travers notre filiale petit module Hop, ainsi que notre moyen-courrier avec Transavia, ce qui veut dire que le passager qui voyage sur Frankfort peut aussi aller sur le long-courrier et peut partir en vacances pendant l'été vers d'autres destinations. Pour nous, on n'est pas dans la réaction mais plutôt dans l'action. Nous travaillons à améliorer les produits et le marché aérien se développe sur l'ensemble de ces segments, y compris sur le segment dit low cost. Au niveau des produits, nous avons une tradition d'excellence à Air France, c'est un peu dans nos gènes. Nous avons une histoire partagée avec l'Afrique. Nous avons comme habitude de dire qu'Air France est née en Afrique en 1933 et même bien avant avec l'Aéropostale, et nous sommes une entreprise citoyenne à travers les emplois que nous avons créés. En Afrique, Air France et le groupe Servair ont lancé 4000 emplois. On est loin des compagnies du Golfe qui ne font que passer. -La compagnie est en plein redéploiement. Pouvez-vous nous donner des détails ? Le projet de l'entreprise s'inscrit dans une logique de compétition et de concurrence extrêmement forte, vous avez cité d'une part les compagnies du Golfe, mais il y a aussi le low cost qui cherche des segments d'affaires en mettant une offre plus concurrentielle. Ce projet est supposé améliorer les produits et faire des efforts sur les coûts. A travers «Transform 2015», l'objectif est d'être plus profitable et il va être poursuivi par «Perform 2020». Il s'agit tout simplement de répondre aux attentes des passagers dans les produits et dans le portefeuille des marques. Il faut aller là où existe une demande. Ce projet se réalise dans la compréhension voulue mais, parfois, avec un peu de difficultés comme l'atteste la récente grève des pilotes, qui pensent que cela peut avoir des conséquences négatives sur leur propre emploi alors que le projet est créateur d'emplois en France en particulier. Il est adapté à une réalité : ce que sera le transport aérien demain. Cela ne veut pas dire que toute la croissance passera par le low cost, le long et moyen-courriers sont aussi concernés. -Il faut dire aussi que le hub de Roissy-Charles-de-Gaulle est un atout pour vous. Bien sûr. 100 000 passagers par jour transitent par Roissy-Charles-de-Gaulle. Paris est par rapport à l'Algérie le choix n°1 : on est proches pour des raisons linguistiques et de facilité des réseaux avec 5 vols sur Alger. Nous offrons toutes les possibilités de connexion depuis Alger. Le vol de Marseille répond à une logique de point à point. Le plus important, c'est aussi de constater que les connexions via ce hub se sont améliorées récemment avec le tunnel d'accès entre le E et le F (moyen et long-courriers), ce qui a diminué de 10 minutes le temps de connexion prévisible moyen. -Alger-Paris-Alger a une importance particulière dans votre programme d'exploitation. Etes-vous satisfaits du taux de remplissage des avions ? Nous venons d'investir ce marché avec une 5e fréquence, ce qui dénote l'importance de cette ligne. Nous représentons le quart de l'offre sur le Paris-Alger et, semaine après semaine, nous développons notre part de marché. Nous travaillons sur la qualité de service, notamment sur la ponctualité, un facteur extrêmement important pour nos clients, et sur les tarifs. Nous proposons des tarifs adaptés à toute la clientèle et nous travaillons aussi sur l'amélioration du produit à bord pour les passagers. Notre but : faciliter le voyage vers la France et le reste du monde à nos clients algériens. -Quelle est la proportion des continuations vers d'autres destinations ? En moyenne, on est autour de 50%, En Algérie, c'est un peu moins important parce que le point à point est très fort au regard des relations historiques entre nos deux pays. Mais globalement, on est dans cette proportion. Les continuations se font essentiellement vers l'Amérique du Nord en premier lieu et il y a un flux important vers l'Amérique latine et l'Asie, notamment la Chine (Pékin, Shanghai) ainsi que quelques villes secondaires. -A travers l'exposition «Air France, France is in the air», qui a eu lieu le 15 septembre à Paris, vous avez voulu passer plusieurs messages... Notre communication est adressée à l'ensemble des passagers depuis le point à point économique à la business en passant par la Premium Economy et accessoirement la première (effet d'image). Etre une ancienne compagnie a aussi des avantages, cela crée de puissantes relations respectueuses. La concurrence est plus que jamais à nos portes et c'est tant mieux pour le consommateur. Nos atouts sont l'écoute, le savoir-faire et la compétence. On a une flotte moderne et des équipages de grande qualité ainsi que des commerciaux. Nous avons un avantage dans cette compétition qui va se poursuivre sous toutes ses formes, ce qui nous oblige à continuer les efforts sans le faire au détriment des passagers. La compétition du low cost va continuer, c'est un segment très particulier. Sur le long-courrier, nous sommes face à des compétiteurs traditionnels ainsi que ceux du Golfe qui ont des avantages que nous n'avons pas en matière de facilités fiscales. Il y a aussi une chose très importante à ne pas négliger : la pérennité des compagnies passera par leur aptitude à établir des alliances. Dans ce contexte, nous avons une joint-venture avec Delta Airlines, qui représente un chiffre d'affaires de plus de 11 milliards de dollars. Nous travaillons aussi avec des partenaires chinois (China Southern et China Eastern) et Kenya Airways. Air Algérie nous assure le handling au niveau de l'aéroport d'Alger. On a aussi des accords de continuations au-delà d'Alger et réciproquement. Nous avons de bonnes relations. -La communication est-elle devenue le nerf de la guerre ? Les nouvelles campagnes de communication ont été faites depuis quelques mois autour de notre nouveau slogan «Air France, France is in the air». Nous avons choisi principalement la presse et l'affichage. Il y a une déclinaison locale dans chaque pays afin de choisir le bon canal pour faire connaître nos produits directement au client final. L'idée est d'avoir une communication adaptée à chaque segment, en axant sur le confort et la restauration en vol, les prix ou l'efficacité dans les aéroports.