Qui est derrière les enlèvements et les attaques à main armée contre les établissements financiers et les agences postales dans la wilaya de Tizi Ouzou ? La réponse à cette question n'est pas évidente. S'agit-il de terroristes du GSPC qui tentent ainsi d'amasser un maximum de fric avant de se rendre, ou de gens versés dans le grand banditisme ? Pour de nombreux observateurs et les services de sécurité, le GSPC est derrière la plupart des attaques perpétrées ces dernières années dans cette wilaya, qui, depuis 2001, est livrée à elle-même. Si certaines voix tentent de minimiser l'insécurité en Kabylie sous prétexte que la criminalité est un phénomène national, il n'en demeure pas moins que ce qui se passe à Tizi Ouzou et dans une partie de la wilaya de Boumerdès est exceptionnel. Le phénomène des rapts suivis de demandes de fortes rançons, se chiffrant en milliards, est devenu au fil des mois une spécificité locale. Les attaques à main armée contre des institutions financières, commises dans d'autres wilayas, peuvent se compter sur les doigts d'une seule main, mais à Tizi Ouzou, c'est devenu monnaie courante. Depuis la crise de 20001 et le retrait des gendarmes, laissant une grande partie du territoire de la wilaya sans couverture sécuritaire, deux phénomènes se sont développés. Les terroristes du GSPC, traqués dans d'autres régions d'Algérie, ont trouvé refuge dans les maquis de Kabylie. Durant de longues années, les terroristes en Kabylie ont joué sur l'idée qu'en ne s'attaquant pas aux citoyens, ciblant exclusivement les différents services de sécurité, ils pouvaient circuler en toute « tranquillité ». La région a connu, en outre, la recrudescence de la délinquance et de la criminalité qui n'épargne aucun citoyen. De nombreux réseaux de banditisme ont été démantelés par la police, mais le travail de cette dernière reste limité. Sur 21 daïras que compte la wilaya, 15 seulement sont dotées de sûreté urbaine, au rayon d'action souvent très réduit. Si la wilaya de Tizi Ouzou est celle qui connaît la plus faible couverture sécuritaire du pays, ceci ne doit pas justifier la recrudescence de la criminalité et des attentats terroristes. Parce qu'avant toute chose, c'est le rôle premier de l'Etat que d'assurer la sécurité des biens et des personnes. Juste après le retrait des gendarmes en mars 2002, le pouvoir s'était engagé à un redéploiement de la police, pour remplacer une partie des brigades délocalisées, mais quatre ans plus tard rien n'a été fait. Lorsqu'un hold-up ou un rapt est commis, souvent on évoque l'armement utilisé pour dire que ce sont les terroristes qui en sont les auteurs, puisque jusqu'à preuve du contraire, ils sont les seuls à disposer de kalachnikovs. Ils sont environ une centaine éparpillés dans différentes localités de la wilaya, principalement aux frontières avec Boumerdès et Bouira, dans l'axe Beni Douala-Aïn El Hammam-Mekla, du côté de la forêt de Mizrana et dans la région est aux frontières avec Béjaïa. Depuis plusieurs mois, on n'entend plus parler d'opérations de ratissage ciblant les maquis où peuvent se trouver les éléments encore actifs du GSPC. Les terroristes éliminés le sont à la suite d'opérations sporadiques des services de la BMPJ. Si la police revendique souvent le démantèlement de nombreux réseaux de soutien au terrorisme ou de réseaux de malfaiteurs ou de faux terroristes, aucun des attentats ayant ciblé les banques ou les agences postales n'a été élucidé à ce jour. Tout comme les rapts qui demeurent à ce jour mystérieux.