Les transporteurs continuent de bouder ces quartiers à cause de l'état de dégradation des routes. Né dans les dédales de la politique de complaisance d'une autorité qui avait beaucoup de choses à se reprocher dans les années 1980 et 1990, le quartier tentaculaire de Berrel Salah, a vu ses problèmes s'aggraver avec son extension anarchique et une population dont le nombre va crescendo. On y va en voiture ou par taxi et c'est en empruntant l'unique route qui y mène qu'on se rend compte que toutes les autres agglomérations de cette partie du chef-lieu de la wilaya, ne sont pas mieux loties en matière de transport en commun. Les chaînes interminables et les bousculades au niveau des cités annexes de Diar Ezzerga, Bendada et autres, en disent long sur le diktat exercé par les propriétaires des minibus sur les usagers. «Nous éprouvons des difficultés énormes dans le domaine du transport à cause du nombre réduit des mini bus. Nous attendons avec impatience le renforcement de cette ligne par les bus du secteur public en l'occurrence ceux de l'ETUSA (Entreprise du Transport Urbain de Souk Ahras). Nous savons que le lobby des transporteurs privés s'y opposent et que l'usure joue en leur faveur», a déclaré Ramy. B, un usager de ladite cité qui nous a fait savoir qu'aucun taxi, hormis les clandestins, n'y va au-delà de 19 heures à cause de la défectuosité des routes et de l'insécurité. Routes et façades délabrées, amoncellement des détritus, passage fréquent des vaches et des chiens errants… Tel est le décor offert à tout hypothétique visiteur dans ce coin de la ville où pullulent des milliers d'habitants, issus dans leur majorité des dernières opérations de relogement des deux décennies citées plus haut. Le long de la rue-route principale où s'enchevêtrent commerces et étals de fortune, un rond-point mal conçu, des affaissements des chaussées et des trottoirs aux dimensions approximatives et parfois improvisés par les riverains, eux mêmes, accentue la laideur des lieux. On y signale chaque intempérie des infiltrations des eaux pluviales, des effritements des bâtisses et des effondrements des murs dus à la viabilisation approximative et au non respect des normes urbanistiques. «Chaque hiver est synonyme de nuits blanches et de déménagements de détresse à Berrel Salah. En plus des baraques et des constructions illicites, les obstructions multiples et l'absence d'un réseau de canalisation fiable des eaux usées, facilitent les inondations et offrent à la crue des circuits favorables aux catastrophes», explique un habitant du quartier. Cette cité, classée parmi les quartiers chauds de la ville est privée dans la quasi-totalité de ses rues et ruelles à haut risque d'éclairage public. Un fatras de béton et de matériaux de construction par ici, des maisons semi-construites de l'autre, des abîmes créés par le passage des engins… Bref un risque permanent qui vient allonger la liste des autres aléas d'un passage nocturne. Des jeunes accroupis devant une épicerie se plaignent surtout du chômage et du manque des moyens de distraction. « Aucune salle de sport ou maison de jeunes dignes de ce nom n'accueillent les jeunes dans ce quartier que l'on qualifie à tort de fief des maux sociaux», a déclaré Saci, un jeune à la langue facile. Un autre étayera : «Je regarde impuissant s'égrener les jours, les mois et les années sans qu'il y ait changement dans cette cité. Seul l'usine à poubelle (appellation courante chez les jeunes pour désigner le centre d'enfouissement technique) recrute et c'est généralement les nantis et les pistonnés qui décrochent des postes ici ou ailleurs». Le quartier de Berrel Salah et bien d'autres, sont jusqu'à preuve du contraire, des preuves matérielles d'une cité sacrifiée sur l'autel de l'indifférence.