Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, s'est exprimé hier sur l'affaire de l'assassinat en 1996 des sept moines de Tibhirine. Une affaire qui alimente l'actualité, notamment avec les déclarations et les propositions «ambiguës» du juge antiterroriste français, Marc Trévidic. M. Louh emboîte le pas au ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, en assurant que la coopération entre la justice algérienne et son homologue française est au beau fixe. Elle se pratique, selon lui, dans de bonnes conditions : «Il y a une coopération entre la justice algérienne et la justice française dans différents domaines et sur plusieurs affaires. Les deux parties travaillent dans le respect de la loi et de la souveraineté de chaque Etat et sur la base des accords judiciaires liant les deux pays», a précisé, avec insistance, le garde des Sceaux. Par ces propos, M. Louh veut convaincre de l'absence de divergence entre l'Algérie et la France concernant le dossier de l'exhumation des crânes des 7 moines de Tibhirine. C'est aussi une manière de couper court aux spéculations faites par certaines parties sur le rôle «secondaire» que jouerait la justice algérienne dans cette affaire et une réponse au juge français qui a déclaré, au journal Le Monde du 20 novembre dernier, qu'il compte demander une nouvelle commission rogatoire internationale pour le mois de décembre. Le ministre explique dans ce sillage que la mission de la justice algérienne dans cette affaire, comme dans d'autres, était d'œuvrer dans le cadre de la loi pour établir la vérité dans la pondération et conformément aux coutumes et traditions en vigueur en la matière. «Cette affaire est soumise au pôle judiciaire compétent du tribunal de Sidi M'hamed et le juge d'instruction fait le nécessaire conformément à la loi», a-t-il dit. Le ministre de la Justice a rappelé que le juge français chargé de l'affaire des moines de Tibhirine travaille sous l'égide du juge algérien. En voulant introduire cette nouvelle demande, le juge français sous-estime, apparemment, le travail des Algériens et il ne le cache pas d'ailleurs, puisqu'il a expliqué aux médias que l'Algérie ne dispose pas de moyens techniques et scientifiques lui permettant de conserver les prélèvements pris sur les crânes des moines assassinés. Chose qui risquerait, d'après lui, de «détruire irréversiblement tout le travail». Le refus des autorités algériennes de faire sortir les prélèvements du pays, afin de procéder à des analyses en France, a provoqué la colère du magistrat français qui a appelé son gouvernement à faire pression sur l'Algérie afin qu'elle revienne sur sa décision. C'est le but de la nouvelle procédure judiciaire.