La maison de la culture Abdallah Benkerriou de Laghouat a abrité, jeudi dernier, la commémoration des événements qui se sont déroulés fin 1852 à Laghouat. La manifestation était parrainée par l'association du 1er Novembre (dirigée par Hadj Belkacem) et pilotée par les membres fondateurs de l'Association du 4 décembre (en cours de constitution). Hadj Belkacem a d'abord salué le rôle des femmes dans la perpétuation de l'histoire : par la tradition orale lors des veillées, dans les chants qu'elles improvisaient en vaquant à leurs occupations de tissage et autres. Pour lui, les femmes, même illettrées, ont apporté leur contribution au passage du flambeau aux générations suivantes pour l'écriture de l'histoire de l'Algérie. Et pour perpétuer cette façon de faire, Athmani Boulerbah, professeur à l'université Amar Thlidji, a déclamé Ardh El Makhafir, un poème consacré à cet épisode. Oudnani Boudaoud (professeur de lettres arabes), Didi Tahar (secrétaire général de la faculté de lettres) et Madani Lakhdar ont fait l'historique de la «bataille de Laghouat» qui s'est terminée par la chute de la ville, le 4 décembre 1852. Laghouat était alors considérée comme une ville-pivot entre le Nord et le Sud. Le 23 novembre 1852, la ville comptait 6300 habitants ; le 4 décembre, ils n'étaient plus que 3800. En 17 jours de combats, 2500 Laghouatis, femmes et enfants compris, ont été massacrés, certains enterrés vivants ; on parle même de la première utilisation d'une arme chimique (chloroforme) par l'armée coloniale. Les pertes côté français sont estimées à 1000 hommes ; aucune archive actuellement consultable n'en fait état. Chettih Mohamed, professeur à l'Ecole polytechnique d'Alger, a partagé les fruits de ses recherches avec une assistance toute ouïe. Opposant à la colonisation civile de peuplement du nord de l'Algérie la colonisation militaire du Sud, il a retracé l'évolution des armées coloniales, accompagnées de géologues, géographes et sociologues, qui ont atteint In Salah en 1900, Tamanrasset en 1912 ou Djanet en 1924, implantant sur leur passage des forts militaires, étudiant sols et peuples dans une stratégie élaborée. Pour conclure, Didi Tahar a parlé des «pages oubliées» de la colonisation française de l'Algérie, qui ont engendré 6 millions de victimes antérieures à la guerre de Libération nationale qui, pour lui, compte 7,5 millions de martyrs.