Victime d'un accident de la circulation, le petit corps de l'enfant Achour Amir Eddine, âgé tout juste de sept ans, n'a pas survécu après son transfert au centre hospitalier de Skikda. Son père, carrément abattu et même s'il accepte de se plier devant la volonté divine, refuse cependant lors d'un déplacement à nos bureaux de taire ce qu'il qualifie de grave négligence dans la prise en charge de son enfant au niveau de l'hôpital de Skikda. Il raconte les dernières heures de vie de son fils : « Mon fils a été heurté par un véhicule alors qu'il jouait à la cité du 8 Mai 45. Il était 15 h. Le conducteur le transporta lui-même à l'hôpital où il fut admis aux urgences. Alerté, je m'y rends à 15h30. Il était encore vivant et il parlait. Il ne cessait de répéter qu'il avait soif et qu'il voulait dormir. On lui fît une radio et le chirurgien (X) qui l'auscultait me rassura, me disant qu'il n'avait rien de grave. J'ai eu beau attirer leur intention remarquant que mon fils devenait de plus en plus pale ; je leur répétais que mon fils mourrait, mais on se contenta de me dire que cette pâleur est due au choc qu'il avait subit. Cette situation a duré plus de deux heures durant lesquelles mon enfant, qui mourrait devant mes yeux, ne cessait de réclamer à boire. Finalement, vers de 17h30, un autre chirurgien, qui passait devant la salle où était alité mon fils, a accepté de venir le voir. Au premier toucher, il a vite ordonné de le transporter au bloc opératoire. Il n'en ressortira qu'à 21 h pour m'informer qu'il venait d'enlever un rein et un poumon à Amir Eddine et qu'il fallait le transférer encore au CHU de Constantine. On n'aura même pas le temps de le faire, car mon enfant mourra 10 mn plus tard. » Ce récit pathétique a été entrecoupé à maintes fois par les sanglots du père. Il estime que son fils est mort par négligence : « Pourquoi n'a-t-on pas poussé les analyses et les auscultations ? Pourquoi a-t-on laissé un enfant sur un lit durant plus de deux heures et avançant un faux diagnostics. Je ne veux faire le procès de personne, mais je dénonce cette situation pour qu'elle ne se reproduise plus. » Le directeur par intérim de l'hôpital de Skikda a, quant à lui, reconnu que : « J'ai rencontré le père de cet enfant en présence du premier chirurgien. Nous avons tous été bouleversés, mais seule une commission mandatée est en mesure d'affirmer ou d'infirmer une éventuelle négligence. Le chirurgien qui a ausculté en premier l'enfant est l'un de nos meilleurs praticiens et il a sauvé beaucoup de vies. Il a de tout temps été disponible et on fait appel à lui même pour des urgences gynécologiques. » Il sera par la suite relayé par un médecin inspecteur qui a, quant à lui, estimé que « je pense qu'au moment de la première auscultation, l'enfant ne présentait pas encore des signes ou des symptômes d'hémorragie interne, autrement le chirurgien l'aurait aussitôt opéré. » Le père persiste cependant à maintenir que son fils est mort par négligence avant de conclure : « Mon fils est parti en laissant sa sœur seule et choquée. Il m'a aussi laissé une mission. je la mènerai en créant une association pour la protection des enfants et je lutterai contre toute forme de négligence à l'égard des enfants. »